Antisémitisme : le témoignage glaçant de Sofia, une lycéenne de 17 ans

En septembre 2023, l'Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) a publié une enquête dont les résultats sont alarmants : 9 étudiants juifs sur 10 affirment avoir été victimes d'actes antisémites dans le cadre universitaire.

 Selon un rapport publié le 25 janvier 2024 par le Crif, le nombre d’actes antisémites avait augmenté de 1000% depuis le pogrom du 7 octobre en Israël. Pas moins de 1676 ont été recensés par le ministère de l’Intérieur pour la seule année 2023, soit quatre fois plus que l’année précédente.

 Et le harcèlement en meute à caractère antisémite se déchaîne chaque jour sur les réseaux sociaux, avec un intarissable flot d’injures et de menaces.

 A ces chiffres vient s'ajouter un constat souligné par une enquête publiée le 7 janvier 2024 par OpinionWay : un déficit majeur de connaissances historiques parmi les jeunes de 16 à 24 ans.

 Parmi les lacunes les plus importantes : le manque de connaissances sur la Shoah.

 Comment s’en étonner alors que des professeurs ont rapporté de multiples difficultés allant du refus catégorique d’apprentissage de l’histoire de la Shoah à la remise en cause du génocide des Juifs.

 Face à ce fléau de haine qui progresse brutalement et à visage découvert, nous avons décidé de contribuer à sensibiliser l’opinion en diffusant le témoignage d’une lycéenne, Sofia, 17 ans, adhérente du Printemps Républicain.

 Des mots glaçants sur un parcours qui n’est pas unique : dans nos collèges et lycées, des jeunes gens sont insultés, menacés parce que juifs au point de devoir quitter leur établissement scolaire en cours d’année.

 L’école joue un rôle primordial dans la lutte contre la haine de l’Autre.

 Mais nous ne devons pas laisser les enseignants assumer seuls cette mission éducative fondamentale.

 Le combat contre la haine antisémite qui se répand et fracture toute la société nous concerne tous.

 Il s’agit donc d’un défi collectif dans lequel chacun doit prendre sa part de responsabilité.

 N’hésitez pas à nous solliciter pour que les mots de Sofia soient relayés.

 Contact : [email protected]

Voir le témoignage de Sofia (vidéo) : 

https://www.facebook.com/PrintempsRepublicain/videos/3144460222353201/

Voir ce que l'on voit

On connaît la phrase de Charles Péguy : « Il faut toujours dire ce que l'on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit ». Et parce qu’aujourd’hui nous voyons bien, nous voulons dire clairement ce qui se voit si bien :  

Le 7 octobre dernier, les attaques terroristes du Hamas contre la population israélienne ont créé une onde de choc qui résonne dans les sociétés européennes comme dans le monde entier et dont on peine encore à mesurer l’étendue. Pourtant, nous savons ce qu’il s’est passé ce jour là.

Le 7 octobre 2023, le mouvement terroriste Hamas a non seulement commis un attentat de grande ampleur, il a surtout perpétré un pogrom antisémite, le pire massacre de Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale rappelant pour beaucoup les méthodes des Einsatzgruppen lors de la Shoah par balles. Partout où sont passés les tueurs du Hamas, tout le monde a été méthodiquement assassiné, brulé, décapité, violé, démembré ou enlevé pour être réduit en esclavage. 35 de nos concitoyens ont été tués dans cet attentat et 9 autres sont retenus prisonniers à Gaza.

Une volonté génocidaire rendue plus abjecte encore par la mise en scène des massacres et leur diffusion quasiment en direct sur les réseaux sociaux. Un « pogrom 2.0 » qui sidère l’opinion mondiale autant qu’il la clive soulevant pour une partie d’entre elle un réflexe antisémite immédiat – ce qui était ans doute l’un des buts recherchés.

De fait, les images qui nous arrivent sont terribles. Elles n’appellent que le recueillement et la peine. Mais le moment est si grave qu’il nous a semblé qu’il était de notre responsabilité, en tant que républicains de gauche, de dire aussi tout ce qu’on l’on voit en ce moment.

Nous avons vu le leader autoproclamé de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, refuser de qualifier le Hamas de « terroriste », ne lui concédant que des « crimes de guerre » immédiatement équilibrés dans son esprit par la riposte israélienne ; puis attaquer indignement la Présidente de l’Assemblée nationale avec des paroles qui sont celles d’un antisémite.

Dans la foulée de leur mentor, nous voyons certains élus de gauche prendre fait et cause pour le Hamas élevé au rang de « résistance palestinienne » ; une rhétorique qui permet d’absoudre les massacres sans le dire explicitement. On pense bien sûr ici à la cheffe de file des Insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot,  mais aussi aux députés Danièle Obono, David Guiraud et Thomas Portes ; ils ne sont malheureusement pas les seuls… C’est en réalité la haine d’Israël qui les transforme en soutien de l’idéologie islamiste du Hamas et en relais zélés de sa propagande, comme si tout sens de la nuance avait abandonné ces gens pourtant doués de raison et de sensibilité.

Nous voyons, en France, des manifestations propalestiniennes au cours desquelles sont scandés des slogans purement et simplement antisémites. Crier « Palestine : De la mer au Jourdain » n’est pas une critique du « sionisme » ou de la politique du gouvernement israélien, c’est tout bonnement demander la destruction définitive d’Israël. Sans compter le nombre de pancartes complotistes niant la réalité du massacre de bébés israéliens, par exemple.

Plus largement encore, nous avons vu dans les capitales européennes flotter le drapeau d’Al Qaida et de l’Etat islamique. Nous avons vu, chez nous et ailleurs dans le monde, des étudiants juifs harcelés et attaqués. Nous voyons des jeunes gens a priori bien éduqués arracher les affichettes montrant le visage et donnant le nom des otages retenus à Gaza.

Résultat, en France, le nombre d’actes antisémites constatés par le ministère de l’Intérieur a bondi et dépasse en bientôt trois semaines le nombre total d’actes répertoriés durant toute l’année 2022. Nos concitoyens juifs sont inquiets, c’est légitime. Pourtant cette situation devrait créer un sursaut et il n’en est rien. La société ne réagit pas. Pire, on nous presse de ne pas « importer le conflit israélo-palestinien » en France. La belle affaire ! C’est l’antisémitisme qui se révèle et flambe à son contact…

Pourquoi ? Pourquoi une telle incapacité à faire preuve d’un réflexe de simple humanité face à ces crimes ? La réponse est simple, basique : il s’agit d’Israël. Donc des juifs… Et l’antisémitisme couve encore dans nos sociétés : un « vieil » antisémitisme issu du catholicisme et du nationalisme d’extrême-droite qui voit Rivarol féliciter Jean-Luc Mélenchon mais aussi un « nouvel » antisémitisme issu du monde arabo-musulman que l’on a vu à l’œuvre lors des attentats de 2012 et 2015 en France.

La rhétorique de l’extrême gauche proclame « toutes les vies se valent ». Oui, toutes les vies se valent, mais les bourreaux et les victimes ne se valent pas. Il y a un agresseur, le Hamas, et un agressé, Israël. Une rhétorique redoutable se met en place qui consiste à dire qu’il y a alors une victime qui se défend comme elle peut, les Palestiniens, et donc un coupable - et un seul : Israël. Israël, mais en fait les Juifs, sinon pourquoi les pourchasser dans le monde entier ? 

Israël parlons-en. Soutenir Israël aujourd’hui ne veut pas dire soutenir la politique du gouvernement Israélien. Cela signifie seulement que nous compatissons à ce que subit la population attaquée de la sorte. Nous, Français, savons ce que ce que signifie être touché par le terrorisme islamiste. En revanche, notre compassion ne vaut pas caution de bombardements indiscriminés qui toucheraient les populations civiles palestiniennes et créeraient de nouveaux drames ; elle ne vaut pas soutien à la colonisation ni aux crimes perpétrés par les Colons dans les Territoires occupés ; elle ne donne pas quitus au gouvernement pour mener les réformes antidémocratiques qu’il prévoyait.

Si Israël a le droit de se défendre, Israël n’a pas tous les droits et ne saurait ignorer ses devoirs : ce pays et son peuple, Juifs comme Arabes, ne peuvent décemment plus vivre avec un voisin comme le Hamas – il doit être défait. Mais cet objectif ne donne aucun permis de tuer des civils et, au contraire, Israël a le devoir de tout faire pour les protéger et même les délivrer du joug du Hamas. Car si Gaza est bien une prison à ciel ouvert, les hommes du Hamas en sont les gardiens impitoyables qui se fondent cyniquement au milieu de ces civils prisonniers.

Face à toutes ces visions qui nous heurtent et nous désespèrent, le Printemps Républicain ne peut qu’appeler au rassemblement et à la concorde. Pour l’unité des Français autour d’un réflexe d’humanité, pour le sursaut de la gauche contre l’antisémitisme, ce « socialisme des imbéciles » qu’elle avait su rejeter pour s’unir et se refonder au moment de l’Affaire Dreyfus, nous appelons tous ceux qui « voient » à faire front ensemble.

 

2022, LE PRINTEMPS REPUBLICAIN S’ENGAGE !

Dans quelques jours, les Français seront appelés aux urnes. Le suffrage universel, seul légitime, donnera la direction du pays pour les cinq prochaines années.

En six ans d’existence, le Printemps Républicain n’a jamais donné de consigne de vote, sinon pour barrer la route aux extrêmes. Or, nous sommes à l’heure des choix cruciaux pour notre avenir. A la suite d’un vote très largement majoritaire de nos adhérents- plus de 80% -, nous avons décidé de rejoindre la dynamique d’Emmanuel Macron dès le premier tour.

Indépendants depuis notre fondation, c’est un tournant que nous assumons. Nous avions des doutes légitimes, et il fallait que ces doutes fussent levés. Durant la première partie du quinquennat, nous n’avons pas ménagé nos critiques et nos propositions, sur la laïcité, les services publics, la politique de la ville ou encore la sécurité et l’immigration. Les faits ont le plus souvent montré que nous visions juste.

Dans l’exercice du pouvoir, Emmanuel Macron a su remanier sa doctrine, adoptant une posture clairement républicaine. Républicaine, c’est-à-dire intransigeante sur la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Républicaine, c’est-à-dire solidaire, avec le « quoi qu’il en coûte », et reconnaissante envers les « premières lignes de la République », élus, fonctionnaires et bénévoles, sur qui repose la cohésion sociale au quotidien. Républicaine, c’est-à-dire aux avant-postes pour la défense de la souveraineté européenne et des valeurs démocratiques face à l’agression russe en Ukraine.

Nous avons vu Emmanuel Macron s’emparer des questions régaliennes, défendre la laïcité, lutter contre l’islamisme. Nous l’avons vu, avec les Gilets Jaunes, comprendre combien la verticalité technocratique peut exaspérer les colères. Nous l’avons vu, pendant tout le quinquennat, tenir bon sur l’essentiel et représenter les intérêts de la France dans le monde avec justesse et énergie.

Le temps est venu pour nous de prendre nos responsabilités. Nous constatons qu’aujourd’hui Emmanuel Macron est le plus à même de défendre l’essentiel. Si les Français lui renouvellent leur confiance, nous nous engagerons pour qu’il bénéficie d’une majorité large, nécessaire pour gouverner et réformer.

Des défis planétaires, géostratégiques, écologiques, migratoires, nous attendent. La France, pour être forte à l’extérieur, doit redevenir forte à l’intérieur. Solidaire. Conquérante. Rassemblée. Elle doit retrouver le sens de ce qui l’unit et surmonter les vieilles querelles qui jalonnent son Histoire. Les principes révolutionnaires de liberté, d’égalité et de fraternité sont notre inestimable héritage, à l’heure où les radicalités, les passions identitaires, les revanchismes et les extrémismes s’emploient à nous diviser. A l’heure où les fantasmes autoritaires se réveillent. A l’heure où le dynamisme nécessaire de l’économie de marché laisse sur le bas-côté des millions d’invisibles.

Agitateurs d’idées républicaines depuis 2016, nous ne renoncerons en rien à notre liberté d’esprit. Le Printemps Républicain restera un mouvement ouvert et divers au sein duquel, de la gauche de Fabien Roussel à la droite sociale, les républicains sincères seront chez eux.

En appelant à voter pour Emmanuel Macron, nous entendons toutefois répondre au seul enjeu qui vaille dans l’adversité nouvelle : « faire des républicains », comme le recommandait Ferdinand Buisson, en ressuscitant l’esprit de cohésion nationale et en conjurant le spectre de la fragmentation.

Nous serons exigeants et vigilants, car les Français ne pardonneront à leurs dirigeants ni l’immobilisme, ni l’exercice solitaire du pouvoir ; mais loyaux et déterminés pour rassembler le pays.

Les annonces du Président de la République sur la sécurité énergétique, guidées par la raison, vont dans la bonne direction

Après 25 ans de politiques environnementales et énergétiques erratiques, basées sur un débat confisqué par des militants antinucléaires qui rejettent la science et la technologie, Emmanuel Macron a annoncé le 10 février la relance d’un plan de construction de réacteurs nucléaires, la prolongation des réacteurs existants aussi longtemps que le permettront les autorités de sûreté, le lancement de programmes de SMR (petits réacteurs modulaires) et la relance de la R&D sur les réacteurs de 4e génération.

La crise énergétique de l’hiver 2021-2022 a brutalement rappelé aux Français que l’autonomie stratégique dans ce secteur ne se décrète pas, et que dans un contexte de raréfaction du pétrole et de tensions géopolitiques avec nos principaux fournisseurs de gaz (Russie, Algérie), les montants importants consentis aux subventions dans les énergies renouvelables n’ont pas permis d’assurer la sûreté de l’approvisionnement ni de stabiliser les prix.

Le Printemps Républicain rappelle que l’électricité est un bien de première nécessité et relève des missions de service public de l’État. Dans ce contexte, nous nous félicitons des annonces présidentielles, qui donnent une première impulsion vers le retour d’une autonomie stratégique de l’approvisionnement en énergie et la nécessaire décarbonation de notre économie. Nous estimons cependant que celles-ci ne peuvent être qu’un début, car la transition énergétique induira une forte augmentation de la consommation électrique, qui nécessitera bien plus de constructions, à l’image du plan Messmer en 1974, afin de respecter les engagements des accords de Paris et les préconisations du GIEC.

Les annonces de jeudi comprennent également un plan d’ampleur de constructions éoliennes et solaires, qui se solderont par le même échec que celles des deux dernières décennies si elles ne s’accompagnent pas de moyens de stockage adaptés. Ceux-ci font cruellement défaut dans le plan présidentiel malgré l’existence de plusieurs sites potentiels pour la construction de barrages avec STEP (stations de transfert d'énergie par pompage). L’usage industriel de l’hydrogène, encouragé par le gouvernement, peut aider à lisser la consommation, mais fait encore l’objet de nombreuses incertitudes technologiques et n’est pas adapté à tous les besoins.

Enfin, nous appelons à une réforme rapide du marché européen de l’électricité, dont les prix ne sauraient être indexés sur le résultat des politiques hasardeuses de certains de nos voisins qui se sont rendus dépendants du gaz russe et du charbon.

Candidature de Zemmour : une France la tête basse !

Candidature de Zemmour : une France la tête basse !

Candidature de Zemmour : une France la tête basse !

Mettant fin à un faux suspense de plusieurs mois, Eric Zemmour vient de confirmer sa candidature à l’élection présidentielle.

Nous y voyons la confirmation d’un diagnostic que nous avons posé voici cinq ans, affiné et actualisé depuis : face aux bouleversements induits par la mondialisation, le modèle politique et le compromis social sur lesquels la France de l’après-guerre s’est reconstruite est de plus en plus fragilisé, détruisant les repères fondamentaux de l’existence commune (travail, sociabilité populaire, syndicats, partis politiques, culture de masse, etc.) et plaçant le quotidien d’un nombre croissant de citoyens, à commencer par les plus modestes, sous une triple insécurité : sociale, physique et culturelle.

Tandis qu’une partie de la société, essentiellement urbaine et diplômée, peut non seulement se protéger de ces menaces, mais plus encore profiter des bienfaits – car ils existent – de la mondialisation, le prolétariat ubérisé, les périurbains relégués, les classes moyennes déconsidérées sont peu à peu privés de ce qui les reliait à la société dans son ensemble : le sentiment d’appartenance à une communauté de citoyens rassemblés par un projet commun. Cette désagrégation du collectif ne pouvait s’accomplir sans susciter, par appel d’air, de nouvelles offres idéologiques : ainsi est venu le temps des passions identitaires. On a vu ces dernières années combien des entrepreneurs de l’identité, islamistes et décoloniaux, ont su capter des colères, répondant à la frustration d’une partie de la jeunesse issue de l’immigration qui, à tort ou à raison, ne se sent pas reconnue ; on voit depuis plusieurs décennies, à l’autre bout d’un spectre social et politique, comment l’extrême-droite exploite le sentiment de dépossession vécu par un grand nombre de Français qui se sentent comme expulsés de chez eux. Il n’en fallait pas davantage pour que le « grand remplacement », pur délire mais baume efficace sur ces plaies identitaires, ne s’impose dans le débat public, au point de doubler l’entreprise familiale Le Pen sur la droite.

Grand Remplacement et Grand Soir des droites

Depuis dix ans et l’échec de Nicolas Sarkozy, toute une frange dure de la droite, conservatrice et autoritaire, cherche la formule magique pour capitaliser sur ces colères identitaires en les mettant au service d’un projet politique qu’elle juge Marine Le Pen incapable d’incarner : fonder une alliance des classes supérieures conservatrices (la fameuse « bourgeoisie patriote ») avec les classes populaires autour de valeurs d’ordre et d’autorité, avec pour principe central, voire pour unique raison d’être, l’inversion des dynamiques migratoires : la « remigration », ou le renvoi des immigrés chez eux, afin de restaurer le noyau originel de l’identité national, blanc et chrétien. Ce projet a été théorisé par Patrick Buisson dans La cause du peuple : c’est Eric Zemmour qui entreprend désormais de le réaliser.

Avant de hurler rituellement, avec l’efficacité que l’on sait, les démocrates de tous bords et la gauche en particulier doivent commencer par réfléchir au diagnostic que nous venons de rappeler, car il explique en grande partie pourquoi ça marche. La première raison du succès de Zemmour est sensiblement la même que celle qui a permis à Macron de surgir : la classe politique s’est à ce point liquéfiée qu’il n’y a pratiquement plus aucune barrière à l’entrée. N’importe qui peut y proposer n’importe quoi, à une condition : être médiatiquement efficace, ce qui implique d’être en permanence dans la recherche de l’affrontement. Et cela, Zemmour sait faire. La seconde raison de son audience est la plus cruelle à entendre : il parle des maux de la France tels que la grande majorité des Français, plus lucides que bien des commentateurs, les perçoivent. Si la sécurité, l’immigration, la dégradation du cadre de vie ou l’islamisme préoccupent nos concitoyens, ce n’est pas à cause de M. Bolloré, mais parce que la violence physique a objectivement augmenté, dans des proportions très importantes ; que l’immigration légale, qui était à 100000 personnes il y a 25 ans, est à 277000 personnes désormais ; et que l’islamisme constitue une menace non seulement pour la vie des Français, sous sa forme terroriste, mais aussi, de façon plus massive, une remise en cause de leur mode de vie qu’ils jugent massivement inacceptable.

Voilà une réalité qu’il ne sert à rien de nier, sauf à vouloir augmenter encore l’exaspération de ceux qui se convainquent que les élites sont déconnectées et leur cachent tout. Et il faut d’autant moins la nier que c’est en reconnaissant que oui, il faut parler d’immigration, oui il faut parler de sécurité, qu’on peut enfin dire que les diagnostics de M Zemmour comme de Mme Le Pen sont outrageusement exagérés quand il ne sont pas faux, et que leurs solutions sont irréalistes, approximatives, souvent contradictoires – par exemple quand ils refusent toutes les avancées en matière de lutte anti-terroriste – mais aussi, bien évidemment, dangereuses pour les libertés publiques et pour la concorde nationale. Et oui il faut parler de ces sujets pour pouvoir, une fois la supériorité d’une fermeté républicaine posément démontrée, rappeler qu’il y a aussi, et peut-être d’abord, pour faire une société, l’éducation, la culture, la protection sociale, l’aménagement du territoire, la politique du logement, le soutien à l’innovation, la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. Tel nous parait être l’ordre logique qu’il faut suivre, si on veut efficacement contrer l’offensive de l’extrême-droite.

Il faut aussi comprendre l’ambition profonde du nouveau candidat. Voulant sauver la France des mensonges de la gauche qui lui ont fait tant de mal, Eric Zemmour rêve de sceller la grande réconciliation des droites, des « vraies » droites pour lui : c’est-à-dire la droite bonapartiste, étatiste et autoritaire, et la droite légitimiste, celle de l’enracinement et de la tradition. Or l’alliance de ces deux droites s’est fracassée, par deux fois, au cours du Vingtième siècle : la première fois avec la Collaboration, et la seconde avec la Décolonisation. Tels sont les deux traumatismes qu’Eric Zemmour cherche à effacer. Comment ? En pétinisant De Gaulle et en gaullisant Pétain, comme il s’y essaie dans « Destin Français », rabaissant le premier pour mieux réhabiliter le second, et déclarant qu’ils étaient fondamentalement tendus vers un même but. Voilà pour la Collaboration, au prix d’un négationnisme scandaleux de la politique antisémite de Vichy. Quant à l’Algérie, elle lui sert de matrice explicative, au prix là encore d’une version complètement romancée des événements : nous n’aurions jamais dû accepter les Algériens sur notre sol, car avec eux est venu l’islam, cet ennemi mortel de l’Occident chrétien. Ainsi, Zemmour ne convoque l’Histoire que pour mieux l’occulter. Ce qu’il veut qu’on en retienne est diaboliquement simple : « C’est les Arabes ». La faute aux Arabes, donc, à tout propos et depuis toujours, mais aussi la faute aux aveugles, aux demi-habiles, aux complices, aux mous, aux enfants de chœur, à la gauche, à la droite qui n’est plus la droite, etc. Zemmour, lui, est un dur, un vrai, nous promet-il : à l’image des héros de guerre qu’il admire, il prétend se résoudre sans frémir à essuyer de lourdes pertes dans la guerre civile qui est, dit-il, « déjà là » et s’entend déjà dire, tel Napoléon : « une nuit parisienne repeuplera tout ça ».

Dictature ou comédie ?

C’est là que tout se complique. Car de deux choses, l’une : ou bien Zemmour compte effectivement exécuter son programme jusqu’au bout, qui est de restaurer une France qui, au passage, n’a jamais été telle qu’il l’a décrit ; et dans ce cas, on peut le tourner comme on veut, il n’a pas d’autre choix que de suspendre non seulement notre participation à tous nos engagements internationaux, mais aussi notre Constitution. Car la quasi-totalité de ce qu’il propose, autant que le flou de ses déclarations permettent de l’appréhender, est en contradiction totale avec la quasi-totalité de notre loi fondamentale, ce qu’on appelle le « bloc de constitutionnalité ». Autrement dit, le programme Zemmour n’est réalisable que dans une dictature. Autant le dire clairement. Ou bien il ne compte pas vraiment aller jusqu’au bout, par exemple en renonçant à exclure de la nationalité des Français par acquisition qui n’auraient pas fait la preuve de leur assimilation selon ses propres critères ; et alors il n’est qu’un démagogue cynique qui se contentera, comme l’ont fait Trump ou Bolsonaro, de maugréer contre « l’Etat profond ». Faute d’exercer un quelconque pouvoir sur le cours des choses, il en serait réduit à théoriser son impuissance, à attiser les oppositions identitaires en multipliant les provocations contre les journalistes, les fonctionnaires, les musulmans, les woke, etc. et à fabuler sur cette prétendue alliance entre une « bourgeoisie patriote » hyper-confinée sur les plans sociologique et idéologique, et des classes populaires jamais rencontrées – la visite de Marseille le montre bien -, réduites à des stéréotypes paresseux et trahissant, en fait, un vrai mépris de classe.

Mais foin de la politique-fiction : pour tout dire, nous ne croyons pas dans les chances de succès d’Eric Zemmour. Il n’est même pas sûr qu’il soit effectivement sur la ligne de départ le 10 avril prochain. Pourquoi ? Parce que, au-delà des difficultés pratiques qui se présentent désormais à lui, le recueil des 500 signatures n’étant pas la moindre d’entre elles, il y a une inadéquation à peu près totale entre ce que Zemmour prétend être, et ce qu’il est vraiment.

Ce qu’il prétend être, on vient de le dire : une grande synthèse du génie français, un intellectuel en politique garant d’une histoire millénaire, faisant don de son corps à la Patrie dont il ramasse le drapeau tombé à terre. Ce qu’il est vraiment ? Un journaliste au verbe vif, capable de fulgurances, mais à qui une culture essentiellement autodidacte et livresque à donné une vision à la fois exaltée et désincarnée de la politique, à mille lieues de ce qu’elle est. Ce qu’il est encore ? Un Parisien casanier, indifférent aux beautés de la France et ignorant des réalités du monde, heureux du succès qui lui permet de jouir d’un confort bourgeois – il en a le droit – mais le place à des années-lumières du quotidien de la France qui souffre. Ce qu’il est surtout ? Le contraire d’un chef. De toute sa vie, Eric Zemmour n’a rien dirigé d’autre que son propre destin ; le collectif lui est étranger, la psychologie des hommes un art dont il ignore tout. Malgré le don d’observation et d’analyse qu’il a su mettre à profit pour décoder les jeux de la politique, il ne sait pas ce qu’est un dossier. « Vous verrez ça avec mon Premier ministre », se contente-t-il de répondre, quand on l’interroge sur une question technique. Mais quiconque a un tant soit peu l’expérience de l’Etat sait qu’une telle attitude conduit immanquablement le chef à se dépouiller de ses prérogatives, et donc de son pouvoir. Est-il donc candidat à être un roi d’opérette ? Il le deviendrait vite, avec de telles dispositions.

Enfin, chez Eric Zemmour, le corps finit par trahir les idées. On aurait envie de lui dire, comme De Gaulle à Bidault – qui finira à l’OAS – en descendant les Champs-Elysées à la Libération : « Redressez-vous ! ». Que dire de sa déclaration de candidature ? Sur le fond, pas grand-chose de neuf, mais sur la forme une énième confirmation : il ne parle pas aux Français. Il ne les regarde pas. Il baisse les yeux, et tout le haut du corps avec, une raideur nucale l’empêchant de tourner la tête vers ses interlocuteurs, et de fixer l’horizon. Cette posture ressemble à ses idées : elle regarde par terre et baisse les bras parce que tout est foutu, parce que la France a bel et bien dit son dernier mot, et qu’elle n’attend plus qu’un conteur crépusculaire pour l’aider à se rappeler sa grandeur passée. Au fond, de l’éloge des grands contempteurs de la modernité comme Maurras à la réhabilitation de Pétain, Zemmour réactive un travers historique de la droite nationaliste française : le défaitisme. On nous promettait Bonaparte au Pont d’Arcole ? Ce que nous avons sous les yeux, c’est plutôt un peu engageant Petit Père la Défaite.

Tout cela, il faut le dire, bien sûr, mais il faut aller beaucoup plus loin. Il y aura toujours un Zemmour après Zemmour, et tout comme celui-ci a su tirer les leçons des insuffisances de Marine Le Pen, le prochain champion du nationalisme identitaire pourrait fort s’appliquer à corriger les défauts du premier en plus des handicaps de la seconde. Qu’il s’appelle Robert Ménard, Marion Maréchal ou un autre, nous sommes loin d’en avoir fini avec cette proposition politique, qui est l’exacte négation de la République que nous défendons.

Que faire ?

D’abord, proscrire tout anathème moral : cela ne sert à rien d’autre qu’à fortifier l’adversaire.

Ensuite, parler aux Français de leurs problèmes, en restant parfaitement indifférents aux critiques et aux sarcasmes d’où qu’ils viennent, y compris aux procès en collusion ou en complicité objective qu’une partie de la gauche, celle qui pactise avec les identitaires de l’autre bord, ne manquera pas de faire. Un problème n’existe pas parce que Jean-Luc, Eric ou Yannick en ont décidé ainsi : il existe parce que les Français le constatent. Et il faut y répondre, avec sérénité et précision. Donc il faut une réponse républicaine, humaniste, démocratique, ferme, réaliste, sur les questions régaliennes, comme d’ailleurs sur toutes les questions.

Enfin, faire la démonstration que le projet républicain n’a rien d’un idéal désincarné – comme le soutiennent de conserve les nationalistes et les décoloniaux -, mais qu’il constitue au contraire la meilleure réponse pour faire face au déficit de légitimité et à la rupture de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. La reconstitution d’une unité politique autour des valeurs républicaines, qu’ont en partage beaucoup de nos concitoyens aujourd’hui déboussolés et inquiets, est le préalable sans lequel nous ne pourrons affronter les multiples défis du XXIème siècle : rupture climatique, maîtrise des innovations technologiques, mutations de l’ordre géopolitique, chocs démographiques ou encore transformations du rapport au travail. Et pour tout cela, il faut redresser la tête et retrousser nos manches !

DEPOT DE PLAINTE CONTRE JEAN-LUC MELENCHON

Le 18 novembre 2021, dans une interview accordée à l'hebdomadaire « La vie », Jean-Luc Mélenchon a tenu les propos suivants : « les fanatiques anti-musulmans comme le Printemps Républicain sont en train de détruire ce pays ».

Cette déclaration n’est pas seulement fausse et susceptible de caractériser un délit pénal, elle est surtout dangereuse car elle vise à poser une cible sur les membres du Printemps Républicain ; à les désigner à la haine et à la violence. Car Jean-Luc Mélenchon sait mieux que quiconque que ce genre d’accusation (« fanatiques anti-musulmans ») a servi de justification aux attentats commis contre Charlie Hebdo et à l’exécution de Samuel Paty. Il est difficile de penser que Jean-Luc Mélenchon ne le fait pas à dessein.

Voilà la confirmation de la volte-face idéologique de Jean-Luc Mélenchon. Disons-le tout net : celui-ci a définitivement quitté le champ républicain. Jadis universaliste et laïque, défenseur de l’esprit Charlie – au point de prononcer l’éloge funèbre de Charb –, Jean-Luc Mélenchon se retrouve aujourd’hui à ânonner les éléments de langage des islamistes, à manifester contre « l’islamophobie » au côté du CCIF et d’activistes décoloniaux, à colporter des pensées complotistes sur l’issue des élections et à formuler le même genre d’amalgames douteux que Jeremy Corbyn. Si bien qu’aux yeux du nouveau Mélenchon, le Jean-Luc des campagnes électorales de 2012 ou de 2017 s’apparenterait à un « fanatique anti-musulman ».

Quoi qu’on en pense, le Printemps Républicain n’est pas la caricature présentée dans l’entretien donnée à l'hebdomadaire « La vie » : depuis plus de 5 ans maintenant, notre mouvement se bat pour la défense des idées républicaines et des valeurs de notre République dont le leader de la France insoumise s’est dangereusement éloigné.

Nous n’entretenons pas de confusion entre l’islam politique et les Musulmans : nous combattons l’islamisme mais non pas l’Islam, nous luttons contre les islamistes et non pas contre les musulmans.

Nous combattons aussi l’extrême droite à laquelle voudrait nous réduire ce genre de déclaration. Et bien plus fortement que Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, nous nous battons contre le racisme et l’antisémitisme.

Le Printemps républicain est aussi un mouvement politique qui fait des propositions pour plus de justice sociale et pour redynamiser l’égalité des chances, car nous n’acceptons pas les discriminations et l’enfermement identitaire de tout une partie de la société, notamment dans la jeunesse. Là où certains flattent le communautarisme, le Printemps républicain défend la seule communauté des citoyens ; là où certains, à l’extrême-gauche comme à l’extrême-droite, ne parlent plus qu’en termes d’identités particulières, de races, de couleurs de peau, de civilisations et de religions, le Printemps républicain desserre la tenaille identitaire et redonne espoir dans le génie si particulier de la République française.

République, monde commun, universalisme, citoyenneté, égalité des chances, laïcité…, voilà tout ce à quoi Jean-Luc Mélenchon a décidé de tourner le dos pour tenter de racoler « 600 000 voix » qui lui ont fait défaut pour se qualifier au second tour de la dernière élection présidentielle.

Malheureusement, il en perdra bien plus et s’est déjà perdu lui-même.

La démocratie est le régime du conflit civilisé par une parole publique honnête et respectueuse de l’opinion adverse. Cela signifie que chaque citoyen est libre d’être en désaccord avec le Printemps Républicain. La démocratie est aussi le régime du conflit maîtrisé mais non pas apaisé ou dévitalisé. Cela signifie que chaque citoyen peut combattre nos idées, même avec virulence. Cela nous le respectons car c’est l’essence du débat public et de la politique. Nous serons même toujours prêts à débattre.

En revanche, nous n’acceptons pas qu’un leader politique nous insulte et abaisse la dispute publique au point de poser une cible sur nos militants et de les désigner comme des personnes à abattre, des « fanatiques anti-musulmans » avec qui il devient alors impossible de vivre en commun.

C’est la raison pour laquelle nous déposons plainte contre Jean-Luc Mélenchon.


Samuel Paty : au-delà du souvenir et du deuil, le combat

Samuel Paty : au-delà du souvenir et du deuil, le combat

Il y a un an, Samuel Paty était sauvagement décapité par un terroriste islamiste qui l’avait repéré sur internet, au terme d’une cabale 2.0 montée de toutes pièces par un parent d’élève et relayée par des réseaux islamistes.

Ce drame a été le révélateur des multiples complicités, manquements et lâchetés avec l’idéologie islamiste, parfois insidieuses ou impensées.

Complicité quand on laisse se banaliser l’accusation en islamophobie, ce poison qui équivaut à une condamnation. Lâcheté de quelques collègues et de la hiérarchie, qui préfèrent parfois détourner le regard plutôt que d’affronter la dureté du réel. Manquement de l’Institution, quand on abandonne les professeurs à eux-mêmes sans leur apporter de soutien. Complicité de certains élèves, prêts à vendre la tête de leur professeur pour quelques billets. Complicité, enfin, de ceux qui après l’attentat, sous couvert de condamnation, affirmaient que l’enseignant « n’aurait pas dû montrer les caricatures dans un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression ».

Sans ces complicités, sans cette lâcheté de certains, sans ces manquements, Samuel Paty serait peut-être encore en vie aujourd’hui. Malheureusement, en 2020, nous ne pouvions pas dire que nous ne savions pas. Rien de nouveau puisque ce sont les mêmes mécanismes qui ont conduit à l’isolement de Charlie Hebdo puis au drame de l’attaque du 7 janvier. C’est pourquoi l’assassinat de Samuel Paty nous glace et provoque tant notre colère.

La lutte contre l’islamisme, sous toutes ses formes, et plus généralement la lutte contre l’intégrisme religieux qui sape toute possibilité de vie commune en France, est l’affaire de tous. Pas seulement du gouvernement et des autorités publiques. Chaque citoyen, chaque parent, chaque éducateur, doivent y prendre leur part, aussi minime soit-elle. Cette attitude aurait dû amener l’institution, les collègues ou les associations de parents à faire bloc autour de Samuel Paty, lorsque celui-ci s’est retrouvé au cœur de la tempête. Cette solitude est aussi ce qui l’a rendu vulnérable.

Si cet attentat a semblé réveiller certaines consciences, beaucoup reste à faire, notamment vis-à-vis de la jeunesse. A cet égard, le sondage IFOP publié hier est particulièrement édifiant. Quand on leur demande ce qu’ils pensent de l’auteur de l’attentat, 5% des jeunes interrogés (18-30 ans) ne le condamnent « pas du tout », 9% le condamnent mais « partagent certaines des motivations du terroriste » et 9% y sont « indifférents ». Soit presque un quart de la jeunesse qui abandonne Samuel Paty a son sort… C’est en direction de cette jeunesse que nous devons désormais porter nos efforts. Nous ne pouvons pas dire que nous ne sommes pas prévenus, nous ne pouvons pas faire comme si certains animateurs de show télévisés ne caressaient pas ce fond d’indifférence ou de haine dans le sens du contentement de soi.

Aujourd’hui, nos pensées vont vers Samuel Paty et sa famille et vers tous les professeurs de France.


« Pandora Papers », communiqué du Printemps Républicain

À la suite de la publication de 11,9 millions de documents fiscaux confidentiels, l’affaire « Pandora Papers » pointe de nouveau le poids des sociétés offshore dans l’économie mondiale, sociétés offshore qui accueilleraient 10 000 milliards d’euros d’avoirs dans le monde.

En France, ces « Pandora Papers » ciblent plusieurs centaines de nos concitoyens fortunés bénéficiant de ces structures opaques implantées dans des paradis fiscaux.

Alors que notre pays subit encore les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la Covid19, et que l’on compte près de 10 millions de pauvres, le Printemps Républicain tient à rappeler que l’évasion fiscale internationale, dont les sociétés offshore sont un maillon essentiel, entraîne chaque année la perte de milliards d’euros nécessaires à la bonne marche de nos services publics et sape les fondements de la solidarité nationale.

Si nous saluons les progrès réalisés ces dernières années pour lutter contre l’évasion fiscale aussi bien au niveau international (projet BEPS porté par l’OCDE) qu’européen (directives ATAD I et ATAD II), nous ne pouvons accepter la situation actuelle faite de demi-mesures.

Nous appelons la France à intensifier la pression au niveau de ses partenaires afin d’améliorer significativement l’effectivité des contrôles et de l’échange d’informations fiscales entre Etats.

Une pression qui doit s’accompagner en interne d’un net renforcement des sanctions et des moyens techniques et humains alloués à la lutte contre l’évasion fiscale.

Ce combat dépasse des considérations purement budgétaires. C'est la crédibilité de notre démocratie qui en jeu.

Le Printemps Républicain, fantasmes et réalité : réponse à une enquête à charge

Quatre épisodes publiés sur trois semaines, un total de 121 000 signes et un temps de lecture annoncé pour… 1h18 : qui a droit à un traitement médiatique pareil ? À part Xavier Dupont de Ligonnès, nous n’avons pas trouvé un sujet ayant donné lieu à une « enquête » aussi foisonnante que cette interminable tétralogie, qui est un démontage en règle du Printemps Républicain. Mais la comparaison s’arrête là : alors que le travail remarquable des enquêteurs de Society restera dans les mémoires comme un chef-d’œuvre de minutie, de professionnalisme et de talent, le trio qui signe cette logorrhée à charge devra assumer la paternité d’une copie indigente, ridiculement orientée, multipliant les erreurs factuelles et les contresens grossiers, le tout, comme on le verra, au mépris de la déontologie journalistique la plus élémentaire.

Plus d’un an d’enquête, à trois journalistes, pour ça ? C’est assurément un procès à charge, avec un côté « règlement de comptes » dont nous reparlerons. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas souhaité répondre au questionnaire [1], disons plutôt l’interrogatoire, que nous ont adressé les auteurs, le jeudi pour une publication mensongèrement annoncée pour le samedi (l’article paraîtra en fait une semaine plus tard) afin de nous contraindre à répondre dans l’urgence. Pour une enquête démarrée un an plus tôt, le procédé est étrange ! Plus étranges encore, certaines questions comportant de graves insinuations, notamment sur nos financements. Il n’en est d’ailleurs pas resté grand-chose dans la série publiée…

Le « matraquage » incontinent paru dans Slate, à défaut de permettre de comprendre quoi que ce soit sur le Printemps Républicain, illustre bien le théorème de Brandolini : il faudrait un temps et une énergie infinis pour débusquer toutes les failles de cette pseudo-enquête. Rassure-toi, lecteur : nous n’allons pas rivaliser en nombre de signes, ni prendre la pelle pour déblayer l’avalanche de sottises que charrie cette diatribe. On se contentera, ici, d’en relever les plus grosses, de rectifier quelques contre-vérités sur l’essence même de notre mouvement, essentiellement pour laver l’honneur de nos militants, que les trois compères n’ont même pas cherché à rencontrer, et de resituer le débat au niveau où il devrait être, c’est-à-dire les enjeux politiques de fond qui ont suscité la naissance du Printemps Républicain, et qui expliquent pourquoi ce mouvement de bénévoles à peine organisé et sans moyens pèse chaque jour un peu plus dans le débat public. Voilà ce qu’une enquête digne de ce nom aurait dû s’attacher à analyser, quitte d’ailleurs à critiquer radicalement nos positions. Mais avant de récuser, il faut s’attacher à comprendre. Et pour comprendre il faut travailler. C’est ce que les « enquêteurs » n’ont pas fait.

Il y a d’abord un incroyable festival d’erreurs et d’insinuations douteuses, des attaques personnelles essentiellement étayées par des témoignages à charge, souvent anonymes ; il y a aussi un gros problème de déontologie journalistique, deux des trois enquêteurs se trouvant être juges et parties et/ou avoir eu des liens de nature professionnelle ou personnelle avec plusieurs membres du Printemps Républicain ou proches de celui-ci ; il y a enfin une incompréhension totale des débats de fond sur lesquels nous sommes engagés, la série d’articles se contentant de reprendre les poncifs et les slogans de quelques-uns de nos détracteurs les plus acharnés, sans jamais analyser nos textes et nos déclarations.

1.   Un festival d’erreurs, d’approximations et de rapprochements douteux

Passons sur les innombrables erreurs matérielles : Gilles Clavreul n’a jamais été membre de la Gauche Populaire, Jean-Claude Michéa n’a jamais fait partie des références théoriques du Printemps Républicain, Antoine Spire n’a pas été écarté de la direction de la revue de la Licra mais en a démissionné, et quant au tweet qui est censé illustrer l’activité de Stéphane Nivet, délégué général de la Licra, il est antérieur d’un an à son arrivée dans l’organisation antiraciste. Ces erreurs n’ont pas une grande importance en soi, mais elles disent assez le manque de rigueur et l’absence de vérification des faits.

Dans certains cas, ces bévues prennent des proportions franchement comiques : ainsi du témoignage de Samuel Grzybowski, le fondateur de Coexister, qui se lamente d’avoir été évincé, fin 2016, de la plupart des ministères, ne trouvant refuge que chez « Cécile Duflot, ministre du Logement »… laquelle avait quitté le gouvernement deux ans et demi auparavant ! [2]

Laissons là le bêtisier, il y a plus sérieux et plus problématique. Dans la mesure où « l’enquête » n’apporte aucun élément nouveau sur le Printemps Républicain et se contente le plus souvent de rappeler des épisodes déjà largement connus en citant des articles à charge, l’essentiel de la diatribe consiste en des insinuations, des rapprochements et des mises au conditionnel destinés, d’une part, à étayer soit un entrisme dans la Macronie, soit un reproche fantasmatique de connivence avec l’extrême droite (il faudrait savoir !), et d’autre part à mettre en cause des méthodes de type quasi sectaire. De nombreux éléments relatés n’ont aucun rapport avec le Printemps Républicain, comme les amendements déposés par la députée Aurore Bergé ou la boucle Telegram de soutien à Jean-Michel Blanquer, à laquelle aucun membre du Printemps ne participe. Il s’agit donc juste, par allusions et collages, de créer un « climat ».

Pour instruire le procès en « dérive droitière », l’article évoquera l’essayiste Céline Pina, dont il n’est rappelé à aucun moment les raisons de fond qui ont poussé le Printemps Républicain et cette dernière, ainsi que l’enseignante Fatiha Boudjahlat, à acter une séparation trois semaines seulement après la fondation du mouvement, justement en raison de prises de position incompatibles avec nos valeurs [3]. Cela n’empêche pas les auteurs d’enfoncer le clou en soulignant le rapprochement de Céline Pina avec Michel Onfray. Ainsi, par association, le Printemps Républicain soutient Michel Onfray par le truchement de Céline Pina ! Or plusieurs d’entre nous (Gilles Clavreul, Laurent Bouvet et Amine El Khatmi notamment) ont pris fermement position contre Front Populaire dès sa création [4]. De même, l’idée d’une proximité avec le journal Causeur est totalement fausse et il est facile de le vérifier : Gilles Clavreul a ainsi essuyé plusieurs articles à charge de la part de ce mensuel, notamment autour du concept de tenaille identitaire [5]. Le reste, ce sont des jugements d’acteurs politiques résolument hostiles aux idées que nous défendons comme Sandra Regol, qui ne cache pas ses sympathies avec des figures de la mouvance décoloniale, ou le député ex-LREM Aurélien Taché dont il n’est nul besoin de commenter la trajectoire politique, des entrepreneurs identitaires comme Samuel Grzybowski et Rokhaya Diallo ou des protagonistes politiques ou intellectuels qui, ne partageant pas les mêmes conceptions que nous, ne veulent pas entendre parler d’une composante républicaine à gauche. Les auteurs de l’article se gardent d’ailleurs de préciser qu’Aurélien Taché et Rokhaya Diallo font l’objet d’une plainte en diffamation de la part de Gilles Clavreul. Quant à Samuel Grzybowski, il prête à Gilles Clavreul des propos pour le moins étranges qu’il lui aurait tenus il y a six ans, parlant de « taper sur les musulmans ». Outre qu’il faudrait être bien imprudent pour sortir une telle phrase à un soutien avéré des Frères musulmans, c’est prêter beaucoup de crédit que de rapporter les propos d’un jeune homme connu pour son imagination pour le moins fertile… Qu’importe : la citation douteuse, complaisamment mise en intertitre, a été reprise par de nombreux comptes islamistes sur les réseaux sociaux. C’était sans doute le but recherché…

On est donc, soit dans l’attaque ad hominem de la part de personnages à la fiabilité aléatoire, soit, dans le meilleur des cas, dans le commentaire d’opposants politiques – pourquoi pas, d’ailleurs ? – mais on n’est pas, dans ce cas, dans une démarche d’information, ce qui aurait supposé d’interroger des observateurs qui ne sont pas eux-mêmes des protagonistes de ces disputes.

L’autre partie de la démonstration consiste à faire passer le Printemps Républicain pour une quasi-organisation secrète. On donnera ainsi la parole à un anonyme qui parle d’entre-soi « germanopratin » puis évoque cette mystérieuse « fête du faubourg » où se seraient croisés les fondateurs du Printemps Républicain. Peu importe qu’il ne s’agisse pas du même faubourg, l’essentiel est de faire croire à une petite coterie parisienne. Las, sur les 2097 adhérents et anciens adhérents du Printemps Républicain, 544 sont domiciliés à Paris. Les articles ne disent par ailleurs rien de nos 22 antennes régionales, dont l’activité est pourtant largement disponible via les réseaux sociaux [6], mis à part un ou deux commentaires malveillants et bien évidemment anonymes, ou un passage incompréhensible sur Marseille, évoquant une association sans lien avec le Printemps Républicain. En revanche, avec un certain luxe de poncifs (« rond de serviette », « reçus discrètement par le conseiller X…. »), que de détails sur nos « entrées dans les ministères », alors que les membres du Printemps Républicain n’ont jamais été reçus nulle part ès qualités, et n’ont d’ailleurs jamais cherché à l’être !

La confusion volontaire entre les activités professionnelles ou les relations personnelles de certains d'entre nous et le mouvement participe là encore d’une obsession quasi-complotiste : prouver que le Printemps Républicain, bien qu’insignifiant, « tire les ficelles ». Nos fins limiers auront-ils peur de tomber dans le cliché ? Pas du tout : car qui dit complot ourdi dans l’ombre dit forcément franc-maçonnerie. Et l’article d’échafauder une théorie tout aussi grotesque que douteuse sur l’appui décisif du Grand Orient de France et du Comité Laïcité République dans l’essor du Printemps. Là, non seulement tout ce qui est écrit est faux – les auteurs sont même allés jusqu’à nous interroger sur un prétendu financement reçu des francs-maçons ! – mais nous n’aurions jamais imaginé lire dans un média qui se prétend « progressiste » une charge aussi nauséabonde. Nous en sommes presque gênés de préciser que notre mouvement ne demande pas aux gens qui adhèrent, à partir du moment où ils se reconnaissent dans les principes républicains de notre pays, leurs opinions philosophiques. Le fantasme maçonnique est une obsession permanente de l’extrême droite que Slate ne s’honore pas à relayer.

2.   Des attaques ad hominem appuyées sur des témoignages exclusivement à charge, le plus souvent anonymes

Trente-cinq : c’est le nombre de témoignages anonymes mentionnés dans l’enquête. Correspondent-ils à 3, 12 ou 35 témoins ? Qui sont-ils et que vaut leur témoignage ? Mystère. En tout cas, ils sont plus nombreux que les témoins à visage découvert, au nombre de 31. Justification déjà utilisée par d’autres : les témoins auraient peur des « représailles », argument invérifiable mais qui présente l’avantage d’étayer les soupçons d’avoir affaire à une bande organisée. Autre procédé contestable, l’usage de guillemets sans préciser s’il s’agit d’une interview ou d’une citation. Des propos prêtés à Christophe Guilluy laissent ainsi penser qu’il critique l’usage fait par Laurent Bouvet de l’insécurité culturelle, mais rien n’indique que le géographe parle spécifiquement de Laurent, ni ne permet de savoir s’il répond aux journalistes ou s’il s’agit de propos tenus ailleurs.

Ces méthodes douteuses visent deux objectifs : conforter la réputation sulfureuse de terreur des réseaux sociaux que certains militants ou journalistes engagés cherchent à entretenir ; entacher la réputation et le crédit professionnel des membres fondateurs du Printemps Républicain.

Répété pour la 10000ème fois, le procès en activisme twiterresque est ici alimenté par des propos toujours aussi vagues sur de prétendues armées de trolls, par des mentions de comptes sans autre rapport avec le Printemps qu’un vague « like » de l’un d’entre nous, voire, par des accusations portées par de quasi-professionnels du harcèlement numérique, revendiquant haut et clair la pratique du doxing et celle de l’insulte, comme la twitto Stéphanie Lamy, [7] et autres comptes d’ailleurs fréquemment suspendus par l’opérateur. On trouve même mention d’un compte « OAPR », spécialisé dans le matraquage anti-Printemps Républicain après avoir ciblé uniquement Laurent Bouvet, auteur à ce jour de… 6919 tweets à charge contre nous, dont nombre relèvent de calomnies dignes de la presse d’extrême droite. Il en va de même pour une demi-douzaine de comptes cités dans l’article, dont il est facile de vérifier l’obsession qui les anime – l’un d’entre eux aura ainsi consacré 140 tweets pour relayer le premier volet de la série de Slate ! Bref, les témoins de moralité numérique de nos auteurs sont eux-mêmes des usagers problématiques des réseaux sociaux. Il n’en va certes pas de même des journalistes cités, mais outre que leur marquage idéologique est plus évident que leur ouverture d’esprit, on s’amusera un peu de voir mentionner un tweet dans lequel c’est le journaliste Frantz Durupt qui « trolle » Gilles Clavreul, dans un passage censé démontrer le contraire : nos brillants enquêteurs ont-ils vraiment vérifié et compris leurs propres illustrations ?

En tout cas, ils ne se sont guère embarrassés du minimum d’honnêteté intellectuelle pour conduire cet épisode 3 sur le harcèlement numérique. Le tweet qui donne son titre à l’article [« T'inquiète, j'ai d'autres comptes. Je vais pas te lâcher après ce que tu as osé faire à mon pote. Je n'oublierai jamais. »], dont l’auteur est Jérôme-Olivier Delb, ne précise à aucun moment qu’il répond à un tweet de Rokhaya Diallo moquant la santé de Laurent Bouvet – elle prétendra qu’il s’agit d’une méprise – [8], dont il est de notoriété publique qu’il est gravement malade.

La vérité est beaucoup plus simple : le Printemps Républicain, comme tous les mouvements politiques, est actif sur les réseaux sociaux, y offre son point de vue sur l’actualité et en critique d’autres. En revanche, pas plus que la France Insoumise ou LREM, il ne maîtrise la parole de chacun de ses adhérents, moins encore l’expression de ceux que quelques « retweets » peuvent, à raison quelquefois et le plus souvent à tort, assimiler au Printemps Républicain. En revanche, le Printemps n’a jamais pratiqué de campagnes de harcèlement en ligne, ce qui suppose une organisation collective, des mots d’ordre, un hashtag de ralliement, etc. Nous sommes d’ailleurs bien placés pour savoir ce qu’est une campagne de harcèlement, pour en avoir subi plusieurs, individuellement et collectivement. Les « enquêteurs » se gardent bien de rappeler que nous avons exprimé notre soutien à de nombreuses personnes victimes d’attaques personnelles, quand bien même ne partageaient-elles pas du tout nos positions : Rokhaya Diallo, Danièle Obono ou encore… Isabelle Kersimon, par exemple [9]. Inutile de dire que nous n’avons jamais bénéficié d’aucune réciprocité… En fait, nos procureurs valident sans le questionner un stratagème bien connu des « wokes » et que plusieurs personnes citées dans les articles utilisent eux aussi : crier au harcèlement à la moindre critique pour éviter de répondre sur le fond. Or qu’y a-t-il de scandaleux à ce que nous demandions un droit de réponse à un journaliste qui nous qualifie de mouvement d’extrême droite ? [10] En quoi s’agit-il de harcèlement ? Tout est affirmé, asséné, rabâché, mais en fait rien n’est démontré.

Même chose pour le deuxième volet de la saga, pur exercice de démolition de réputation au détriment, notamment, de Laurent Bouvet et de Denis Maillard, quasiment présentés comme des imposteurs, sans autre élément que des témoignages d’individus ayant eu des contentieux personnels avec les intéressés – ce qui arrive à tout le monde, notamment, pour ce qui concerne Laurent, dans le champ intellectuel où les joutes sont nombreuses et vives – là encore le plus souvent anonymes. Doit-on s’étonner que l’un des anonymes en question, présenté comme un ancien membre fondateur, se soit montré particulièrement pressant auprès de certains d’entre nous pour obtenir des contacts et faciliter des rendez-vous en lien avec ses activités professionnelles, et qu’il ait quitté le Printemps au moment où il s’est aperçu que ses démarches resteraient sans effet ? Là encore, nos enquêteurs n’ont pas été bien regardants : du moment qu’on pouvait dire du mal, tout était bon. À part tendre le micro à des détracteurs, une fois encore, aucun élément concret n’étaye le procès en illégitimité.

3.   Un sérieux problème de déontologie journalistique

L’aspect le plus grave de cette série sur le Printemps Républicain touche à la déontologie journalistique. En effet, deux des trois rédacteurs de la saga ont été, des années durant, en relation à la fois personnelle et professionnelle avec plusieurs membres du Printemps Républicain. À aucun moment ils n’en font mention, trompant ainsi le lecteur sur leur neutralité personnelle par rapport à l’objet de leur enquête. Or ces liens, comme on va le voir, n’ont rien d’anecdotiques : ils donnent au contraire un éclairage déterminant sur leurs motivations.

Romain Gaspar a ainsi été en relation étroite avec Gilles Clavreul et Denis Maillard pour l’ouvrage collectif Inch’Allah, réalisé par de jeunes journalistes en formation et supervisé par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Les deux fondateurs du Printemps ont été sollicités par l’intéressé en 2017 pour, justement, l’aider à enquêter sur l’islamisme en France dans divers domaines – ce qui tend à prouver qu’il était alors moins sévère sur l’expertise qu’ils étaient susceptibles de lui apporter sur le sujet. Et en effet, Romain Gaspar a bénéficié de conseils, de contacts et d’analyses de leur part, et semblait en être satisfait au point de les solliciter à de nombreuses reprises et durant plusieurs mois. Si satisfait, d’ailleurs, qu’on retrouve dans Inch’Allah des paragraphes entiers sur la religion en entreprise qui font furieusement penser à des passages… du livre de Denis Maillard [11], descendu en flèche dans l’épisode 2 ! La prise de conscience de notre jeune journaliste sur nos méfaits a dû être vraiment toute récente, puisque début 2020, il accueillait encore pour La Gazette des communes les résultats et commentaires d’un sondage sur la décentralisation initié par L’Aurore, le think tank dont il écrit par ailleurs tant de mal [12]. Question simple : puisque « l’enquête » sur le Printemps Républicain est censée avoir débuté il y a plus d’un an, Romain Gaspar continuait-il à entretenir de bonnes relations avec Gilles Clavreul tout en enquêtant sur lui ? Ce serait là, d’un point de vue déontologique, quelque chose qui nous semble assez grave.

Mais c’est encore peu de choses en regard de la posture malhonnête d’Isabelle Kersimon. Les membres du Printemps Républicain ont expérimenté avec elle les mêmes déconvenues que beaucoup de personnes qu’elle a approchées depuis dix ans : une entame sympathique, enthousiaste et parfois un peu envahissante, un mélange de connivence personnelle et d’adhésion intellectuelle et idéologique, puis, du jour au lendemain, un retournement complet d’attitude qui se transforme en véritable haine. Successivement, le coauteur de son livre sur l’islamophobie, Céline Pina, Laurence Marchand-Taillade, nombre de membres du Comité Laïcité République, et donc nous-mêmes, sans compter les médias dans lesquels elle a travaillé – ont tous subi ses assauts, puis son ire, avec un motif qui se répète à chaque fois : un procès en dérive idéologique ( tiens…) doublé d’une accusation en captation de propriété intellectuelle, Isabelle Kersimon s’estimant « volée » de ses travaux par des esprits peu scrupuleux. Que faut-il penser de l’intégrité de quelqu’un qui écrit et publie un procès à charge contre des gens avec qui elle a travaillé, dont certains sont allés jusqu’à l’aider à trouver des collaborations rémunérées, quand d’autres l’ont même hébergée et même aidée financièrement, sans autre « remboursement » que des attaques ad hominem ? En tout cas, le lecteur n’apprendra pas de sa plume que, si elle parle de « l’appartement cossu » (en fait un appartement tout à fait classique du 14ème arrondissement de Paris) où s’est tenue la première réunion du Printemps, c’est parce qu’elle le connaît bien pour y avoir été hébergée.

Le lecteur de Slate pourra en revanche plus facilement retrouver les contributions d’Isabelle Kersimon dans Causeur, Le Point et Le Figaro. Il s’interrogera alors sur le sens de ses attaques d’aujourd’hui contre le Printemps Républicain. Il se demandera la consistance du procès en « obsession contre l’islam » de la part d’une journaliste qui n’a pratiquement écrit que sur ce sujet pendant des années [13]. Il sera encore plus médusé de constater que l’une des twittos les plus actives pour dénoncer l’association Coexister durant l’année 2016, époque supposée du harcèlement exercé par le Printemps Républicain, n’est autre qu’une certaine Kersimon Isabelle, usant de la pratique caractéristique consistant à répéter un même tweet pour interpeller un maximum d’interlocuteurs [14]. Et il finira par se demander quelle dissonance cognitive a pu frapper l’auteure (et la véritable instigatrice, en réalité) de cette tétralogie lorsqu’elle interroge Gilles Clavreul en décembre 2015, le présentant comme « très nuancé », sur la campagne de cyberharcèlement qu’il vient de subir de la part du CCIF, campagne à laquelle ont participé quantité de témoins à charge dans son enquête de 2021.

Est-ce tout ? Non, ce n’est pas tout. Nous nous refusons à opérer les mêmes procès par association et ne reprocherons pas à Isabelle Kersimon ce que d’autres lui reprochent depuis des années quant à ses fréquentations politiques : après tant de volte-face, on sait bien qu’elles n’ont pas de réelle consistance de toute façon. En revanche, il faut quand même préciser que le mélange des genres ne lui a jamais posé problème : ne manifestait-elle pas de façon appuyée à Gilles Clavreul son soutien à Manuel Valls durant la campagne des primaires de la gauche fin 2016, parlant de « notre candidat préféré » pour tenter d’établir une connivence politique qui ne lui était nullement demandée ? Ne sollicitait-elle pas auprès du même Gilles Clavreul un appui pour obtenir des rendez-vous dans les ministères ? N’a-t-elle pas cherché son soutien dans le cadre de la demande de financement public pour l’association qu’elle a fondée, l’INRER, dont un membre est d’ailleurs interrogé dans l’article, autre confusion des rôles non signalée au lecteur ?

Bref, nous estimons que cette enquête est entachée de conflit d’intérêts, qu’elle entretient sciemment le lecteur dans l’ignorance d’éléments mettant en cause l’objectivité de ses auteurs et trahit gravement certains des principes déontologiques les plus essentiels tels qu’ils sont définis par la Charte de Munich et notamment ses points 1, 3, 4, 5 et 8 [15]. Les motivations personnelles de ces journalistes, peut-être désireux de se racheter un certificat de bonne conduite idéologique en nous attaquant, après avoir été eux-mêmes pris pour cibles comme « islamophobes », sont l’explication la plus probante. En revanche, que Slate n’ait pris aucune précaution pour cette publication montre un manque de professionnalisme qui devrait conduire ses responsables à un minimum d’introspection…

4.   Un contresens complet sur le positionnement politique du Printemps Républicain

Si les auteurs se sont permis une telle mauvaise foi, s’ils ont rompu de façon aussi caractérisée avec les canons du métier journalistique, c’est qu’au fond, pour eux, la fin justifiait les moyens. Le niveau d’exécration du Printemps Républicain est tel chez certains, que les arrangements avec la morale et la vérité sont non seulement possibles mais recommandés. Au jeu de qui massacrera le Printemps Républicain, tous les coups sont permis.

À la racine de ce qu’il faut bien appeler de la haine, il y a une incompréhension profonde. L’avocat Jean-Pierre Mignard, qui déteste le Printemps Républicain tout en sachant très bien, pour en connaître certains personnellement, que ses membres ne sont pas les horribles fachos qu’il dépeint, n’a pas tort cependant de dire qu’il faut une certaine culture politique pour le comprendre. En lisant cette série d’articles, et au-delà de la mauvaise foi patente des auteurs, nous nous sommes sincèrement demandé si nous aurions la moindre chance de leur expliquer, au terme d’une discussion posée et sereine, ce que sont nos fondamentaux politiques. Nous sommes arrivés à la conclusion que, faute d’une connaissance autre que superficielle des débats intellectuels auxquels, individuellement et collectivement, nous avions pris part au cours des dernières années, les trois enquêteurs étaient tout simplement dépassés par des questions qu’ils ne maîtrisaient pas. C’est particulièrement flagrant dans le dernier opus censé démontrer notre « dérive » ultra-laïque.

Exemple significatif : la citation d’un article ancien de Laurent Bouvet sur la troisième voie blairiste, compris complètement à contresens comme un éloge du social-libéralisme. Ainsi, également, des paragraphes entiers sur la laïcité où il est constaté que nous ne partagions pas les vues de Jean Baubérot – la belle affaire ! En effet nous ne sommes pas d’accord avec l’opposant aux lois de 2004, 2010 et de l’actuel projet de loi renforçant les principes républicains, défenseur historique des « accommodements raisonnables » - sans que soit seulement mentionnée l’existence d’un livre de Laurent Bouvet, “La Nouvelle Question laïque” dont la lecture invalide totalement l’argumentaire purement polémique de Baubérot et consorts, que le triumvirat reprend sans discussion ni nuance. Idem pour les multiples contributions de Gilles Clavreul ou de Denis Maillard dans des revues, ouvrages collectifs, actes de colloque, etc. La laïcité telle que nous la défendons est strictement et absolument celle de l’héritage révolutionnaire, des lois de 1882-86, de la loi de 1905, des lois de 2004 et de 2010, et encore, celle d’un patrimoine intellectuel qui, contrairement à ce que bredouillent nos plumitifs, ne se limite pas à l’excellent Henri Pena-Ruiz, mais comporte Ferdinand Buisson, Georges Clemenceau, Edgar Quinet, Jules Barni, Charles Renouvier, Catherine Kintzler et qui ne découle aucunement d’une relecture identitaire et culturelle de la laïcité dont une partie de la droite et de l’extrême droite se sont récemment faits les promoteurs, mais d’une conception politique fondée sur un libre choix citoyen. Cela est écrit et expliqué en toutes lettres dans le livre de Laurent Bouvet. Encore aurait-il fallu le lire… Idem sur l’insécurité culturelle : si les auteurs s’étaient donné la peine de lire le chapitre du livre consacré à la captation et à l’instrumentalisation des peurs culturelles par le Front National [16], ils ne reprendraient pas les critiques orientées et infondées de Jean-Yves Pranchère, Alain Policar ou d’autres sur un prétendu rapprochement idéologique.

Que nos contempteurs aient la lecture paresseuse ou sélective, le résultat pour le lecteur est le même : une volontaire ignorance de notre production écrite pour ne retenir que ce qui a trait à l’islam et ainsi entretenir le soupçon d’obsession anti-musulmane. Rien sur nos interventions sur les « Premières lignes de la République », c’est-à-dire les fonctionnaires, les élus, les citoyens engagés en charge du commun [17]. Rien sur les tribunes de Vincent Lautard sur la santé et la crise sanitaire [18]. Rien sur les écrits de Denis Maillard sur les gilets jaunes et la société du back-office [19]. Rien sur les articles de Benjamin Sire sur la société numérique, la culture ou le logement [20]. Rien sur les billets de Gilles Clavreul sur l’État, l’Europe, l’actualité politique, la privatisation d’ADP, ou la réforme des institutions [21]. Rien sur les propositions d’Amine El Khatmi en matière d’écologie, de fiscalité ou de politique de la ville [22]. Tout ce qui ne permet pas d’instruire le procès est systématiquement occulté – un peu à la manière dont Charlie Hebdo a été accusé de multiplier les « unes » sur l’islam et d’ignorer les autres religions, ce qui est absolument faux [23]. Et d’ailleurs, rien non plus sur nos très nombreuses interventions contre l’extrême droite ou pour dénoncer des entorses à la laïcité visant le culte catholique, sinon pour prétendre qu’elles sont uniquement destinées à « donner le change », un argument complotiste par excellence [24]. D’où notre question : qui, en fait, est obsédé par les questions identitaires et par l’islam ? Qui passe sa vie sur les réseaux sociaux au point de tout voir par le prisme de Twitter ?

Voilà pourquoi, pour nos trois Pieds nickelés et la petite cohorte qui nous épie, nous moque et nous conspue en permanence et ne manquera pas de continuer à le faire, le mystère Printemps Républicain reste entier : mais comment cette petite bande « d'illuminés », pour reprendre les mots de Jean-Luc Mélenchon, en perdition, qui ne représente rien et qui énerve tout le monde, peut-elle prendre une importance chaque jour grandissante dans le débat public ? On sent que la question les taraude…

Pour le comprendre, il fallait peut-être s’interroger un peu plus sur la dimension étrangement fantasmatique qu’a prise l’image publique du Printemps Républicain : et si d’aventure nous avions – un peu ! – touché juste sur certains des maux qui traversent la société française, comme l’ensemble des sociétés occidentales ? Et si l’obsession identitaire, que nous enregistrons cliniquement pour la dénoncer et tenter de la désamorcer – c’est toute la différence entre dire « il pleut » et dire « j’aime la pluie » – reflétait bien une réalité vécue et perçue comme un danger par nombre de nos concitoyens ? Et si, parmi ces concitoyens, il pouvait s’en trouver qui, échappant aux logiques d’enfermement, avaient simplement envie de respirer un peu à l’air libre sans être rappelés constamment à leur religion, leur origine ou leur genre ?

Pour cela, il aurait fallu tout simplement interroger nos adhérents : que sont-ils venus chercher chez nous qu’ils ne trouvaient plus ailleurs ? Il aurait fallu reprendre sérieusement nos papiers, nos analyses de fond et constater qu’elles ne sont en rien la caricature grossière qu’en a donnée Slate, après tant d’autres. Et puis aussi, il aurait peut-être fallu se demander pourquoi cette petite bande de bourgeois vieillis et hargneux ont comme président un jeune Français de confession musulmane, né dans un quartier populaire d’une ville du sud de la France. Amine El Khatmi, la figure quasi absente de cette interminable saga, comme si un Arabe ne pouvait pas compter, comme s’il ne pouvait être qu’un faire-valoir. C’est peut-être la seule chose qui n’est pas délirante dans la « pensée » décoloniale : la critique du racisme inconscient d’une certaine petite bourgeoisie progressiste. En même temps qu’un pensum bâclé et hargneux, rédigé au mépris de toute déontologie, Slate nous en aura livré ici un bien triste exemple.

Le Printemps Républicain déconcerte et agace. D’abord parce que, c’est vrai et on peut comprendre qu’on nous le reproche, nous sommes un peu la mauvaise conscience républicaine de la gauche. Sans même être issus de ses composantes « souverainistes » historiques, nous rappelons avec insistance que la gauche, c’est le respect des petites gens, c’est l’universalisme, c’est la laïcité, c’est l’antiracisme et la lutte contre l’antisémitisme, c’est aussi une certaine idée de l’État et du service public. Il est normal que lorsque nous pointons des logiques clientélistes, quand nous critiquons une laïcité dénaturée dans un « vivre-ensemblisme » mièvre, quand nous constatons le décalage de représentations entre certaines élites et l’électorat de gauche sur la laïcité, la perception des forces de l’ordre ou que nous appelons à rendre à l’école sa place fondamentale d’instituteur de la République, cela ne plaît pas à ceux qui se sont dispensés depuis si longtemps de leurs devoirs républicains, et qui ont tout simplement oublié d’où la gauche venait et quelle était sa vocation historique.

Et puis, nous ne sommes pas un parti politique classique, et si nous allons descendre dans l’arène, ce sera à notre façon, singulière, celle d’une bande d’amis qui viennent d’horizons différents – essentiellement de la gauche, et pour quelques-uns d’entre nous, du centre et de la droite modérée et républicaine – qui n’a cessé de s’agrandir, qui fonctionne de manière totalement collective, sans autre moyen que les cotisations de ses adhérents [25], sans bureaux et sans permanents. Et puis, nos adhérents nous le disent : il y a du plaisir à être au Printemps Républicain. On y discute librement, il n’y a aucun enjeu de pouvoir, on est heureux de se retrouver, même si le Covid a tout compliqué. Ceux qui ont quitté les partis politiques traditionnels, en particulier, nous disent retrouver avec nous ce qu’ils avaient complètement perdu dans leur formation d’origine, sclérosée intellectuellement et paralysée par les logiques d’appareil. Notre amateurisme revendiqué, l’indifférence aux logiques de carrière des fondateurs et la vigilance de nos militants qui ont bien l’intention qu’on continue comme cela nous vaccinent, espérons-le pour longtemps, contre le risque de devenir un parti comme les autres.

Mais peu importe : le Printemps Républicain poursuit sereinement sa route. Cap sur 2022 : nous serons présents.

[Les notes de bas de page sont détaillées ici : bit.ly/2Pfau1K ]

De la tenaille identitaire et de la lutte contre l’extrême-droite

A partir de 2016, nous avons repris dans nos différentes interventions la métaphore de la « tenaille identitaire » utilisée par notre ami Gilles CLAVREUL. La tenaille identitaire, c’est le face-à-face qui menace de s’installer entre extrême-droite et islam politique, accaparant et polarisant le débat public de telle sorte qu’un nombre croissant d’acteurs se décident à choisir l’un ou l’autre camp, donnant ainsi naissance à une gauche diversitaire, souvent appelée de façon polémique « islamo-gauchiste », ainsi qu’à une droite identitaire qui, sans forcément rechercher une alliance politique avec l’extrême-droite, reprend à son compte certains de ses marqueurs idéologiques.

Ce concept est très différent de l’idée, aujourd’hui désuète, selon laquelle « les extrêmes se rejoignent ». D’abord parce que la tenaille identitaire met en mouvement des personnes, des courants de pensée ou des formations politiques qui n’ont rien d’extrémistes, mais qui se positionnent de plus en plus sur et en fonction de critères liés à l’identité. Ensuite parce que, bien plus que de chercher des ressemblances entre deux pôles idéologiques somme toute très dissemblables, l’intérêt de la métaphore est de donner à voir un mécanisme, celui qui entraîne solidairement des forces politiques et des courants idéologiques autour d’un même axe. Pour le dire de façon prosaïque, tout tourne de plus en plus autour de l’identité ; et les forces qui entraînent le mouvement sont des minorités radicales, peu nombreuses en effectifs mais très déterminées et très structurées sur le plan idéologique.

Deux forces opposées, réunies par l’axe identitaire

Il ne s’agit donc pas de dire que l’extrême-droite et islamisme sont identiques ; du reste, elles n’opèrent pas exactement dans les mêmes champs : l’extrême-droite est avant tout politique, l’islamisme, quand bien même parle-t-on « d’islam politique », est agissant sous des formes essentiellement spirituelles, culturelles et sociales.

En revanche, ce qui donne de la force à l’une donne de la force à l’autre : chaque événement, chaque polémique qui met en scène une problématique identitaire ou qui peut être exploitée sous cet angle, permet aux uns comme aux autres d’occuper le terrain, de paraître et de se légitimer, créant un effet agrégatif puissant, auquel tous les autres acteurs ont le plus grand mal à se soustraire. De #MeToo aux attentats, de l’immigration aux études intersectionnelles, du déboulonnage des statues aux « violences policières » en passant par les immarcescibles polémiques autour du voile, tout un chacun est sommé de choisir un camp, ou se retrouve assimilé à l’un ou à l’autre sans même l’avoir voulu. Malheur à ceux qui font entendre une nuance : ils passent pour des mous, des naïfs, voire des traîtres. Rien n’est plus inconfortable que de se retrouver déventé, en chasse-patate, quelque part entre les deux bords : il faut faire bloc, ou se savoir condamné à essuyer les tirs croisés. Si tenaille ne plait pas, prenez étau, prenez engrenage, prenez ce qu’il vous plaira, pour peu que l’idée centrale, qui est que le débat public se retrouve piégé et qu’on ne se sort pas facilement de ce piège, vous aide à en percevoir le danger et à en combattre la logique.

Mais qui critique la tenaille identitaire critique surtout la « tenaille ». Or le terme le plus important, c’est bien évidemment « identitaire ». C’est à Laurent Bouvet que revient le mérite d’avoir, le premier – et bien avant la naissance du Printemps Républicain – attiré l’attention sur l’avènement de « l’âge identitaire », par cette torsion idéologique du libéralisme qui place l’affirmation de droits individuels et collectifs déterminés par des caractéristiques de genre, de « race », d’origine ou de religion, au-dessus de l’appartenance à une classe sociale, et plus encore à la communauté politique. Là où la démocratie républicaine postule l’existence de désaccords dépassables entre des citoyens égaux, la dérive identitaire de la démocratie libérale fige des divisions indépassables entre des identités que nul ne peut ni ne veut abandonner. En république, on se rassemble parce qu’on constate la nécessité de s’unir autour d’un projet commun, ce qui implique de mettre à distance nos différences. Dans le monde identitaire qui vient, on ne se rassemble que pour autant qu’on se ressemble. Il n’est pas difficile de voir vers quels conflits cela nous entraîne.

L’illusion fatale du « moindre mal »

Reste l’appréciation de leur menace respective. Ceux qui prétendent donner une priorité absolue à la lutte contre l’islamisme usent de deux arguments, l’un explicite, et l’autre moins avouable. L’argument explicite est de considérer que l’extrême-droite ne représente aucun danger, alors que l’islamisme tue. A cela, il faut répondre d’abord que l’extrême-droite, dans ses composantes les plus radicales, peut tuer et qu’elle l’a prouvé dans plusieurs pays ces dernières années. Il faut surtout faire valoir que le type de danger que constitue l’extrême-droite est d’ordre politique : alors que l’islamisme entreprend la conquête par le bas, l’extrême-droite peut s’emparer du pouvoir, et donc conquérir le pays par le haut.

On voit venir l’objection : « Et alors ? ». Et alors, est-ce si grave, qu’une extrême-droite assagie et dédiabolisée (cela reste à prouver) s’empare du pouvoir, si cela peut nous débarrasser des islamistes ?

Deux arguments sous-tendent ce raisonnement. Premier argument : la menace islamiste est telle qu’il faut faire l’union sacrée – et peu importe avec qui. D’ailleurs, ajoutent les plus audacieux, les premiers résistants n’étaient-ils pas issus de l’extrême-droite, comme le regretté Daniel Cordier ? Deuxième argument : l’extrême-droite n’est pas, ou n’est plus, vraiment dangereuse. Mieux, elle n’aurait pas la main qui tremble face aux islamistes ; tant pis si nous devions le payer d’un recul raisonnable de nos libertés.

Cette logique du prétendu moindre mal, on ne la connait que trop. Ceux qui invoquent la Résistance si mal à propos devraient s’en souvenir : c’était celui de ceux qui criaient « plutôt Hitler que Staline », et qui en fait pensaient « plutôt Hitler que Blum ». Qui plus est, les hommes de la droite nationale qui ont rejoint la Résistance ne l’ont pas fait en suivant la ligne idéologique de leur famille politique, massivement engagée aux côtés de Pétain : ils l’ont fait individuellement, faisant passer l’intérêt de la patrie avant toute chose. La Résistance a agrégé des Français de toutes sensibilités et il n’y a qu’Eric Zemmour pour oser défendre aujourd’hui, contre toute vérité historique, que l’essentiel des Résistants – qu’il confond volontiers avec les Français libres – étaient maurrassiens. En revanche, à la Libération, les collabos étaient d’extrême-droite sans exception. Voilà la vérité historique.

L’extrême-droite, moins dangereuse que les islamistes ? C’est le second argument, et il ne vaut pas mieux que le premier. De quoi parle-t-on ? De risques totalement différents : on l’a dit, l’extrême-droite peut arriver au pouvoir, pas les islamistes. Que ferait l’extrême-droite au pouvoir ? Pour l’économie, les finances publiques, la protection sociale, les relations internationales, on renverra à la faiblesse insigne de leur programme et à l’exposé brillant qu’en a fait la candidate du Front National lors du débat face à Emmanuel Macron.

Tordons le cou en revanche à la légende urbaine qui place quelque espoir dans ce parti « à poigne » en matière de lutte contre l’insécurité en général, et contre l’islamisme en particulier. Là, il faut rappeler que le Front National s’est constamment opposé à toutes les mesures de renforcement des lois antiterroristes au niveau national comme au niveau européen, avec des arguments d’ailleurs très proches de ceux de la France Insoumise : dispositifs inadaptés, inutiles, voire liberticides. Jamais les amis de Mme Le Pen n’ont su adopter une posture de responsabilité sur ces questions. Quant à la lutte contre l’islamisme, il faut rafraîchir la mémoire de quelques-uns à propos des liens anciens entre le Front National et le régime iranien, grand argentier du terrorisme international, que ce soit sur notre sol ou au Liban. Il faut aussi rappeler le soutien constant des leaders frontistes à Bachar El-Assad, présenté comme un rempart contre les islamistes, alors que c’est le même Bachar qui a ordonné la libération de milliers de jihadistes pour contrer et désorganiser l’Armée syrienne libre. Sans ce geste fou, pas d’Etat islamique. Voilà pour le soi-disant « réalisme » pro-Bachar de l’extrême-droite : il n’est rien d’autre que de l’incompétence intéressée.

Reste le point fondamental : pour quoi se bat-on exactement ? Ce n’est pas tout d’être contre l’islamisme – si tant est que l’adversaire ne soit pas, pour certains, l’islam tout court. Encore faut-il se mettre d’accord sur les valeurs qu’on lui oppose. Le Front National défend-il ces valeurs ? Défend-il les libertés ? Il veut les réduire. L’égalité ? Il s’en rit. La justice ? Il la méprise. La laïcité ? Il instrumentalise le mot pour mieux trahir le principe. La fraternité ? Et puis quoi encore ? La République ? Il l’a toujours combattue.

Non, rien, jamais, ne peut justifier d’être conciliant envers l’extrême-droite. Aucune alliance ne peut être envisagée. Voilà aussi pourquoi nous continuerons à mettre en garde contre la tenaille identitaire : car nous ne voulons pas choisir entre deux maux, le moindre. D’abord parce qu’il n’est pas moindre. Ensuite parce qu’en acquiesçant à la droite extrême en voulant éviter l’islamisme, on ne fera pas disparaître l’islamisme, mais on portera un coup fatal à la République. Rien n’est plus dangereux ni émollient qu’un pragmatisme sophistiqué pour habiller cette incurable maladie française : l’esprit de défaite.

 

 

ASSEZ !

Avant c’étaient des soldats, puis des enfants juifs. C’étaient des caricaturistes, des policiers, encore des juifs. C’étaient encore des policiers, des prêtres, et puis ce furent des Français qui sortaient admirer un feu d’artifice, boire un verre ou écouter un concert. Hier c’est un enseignant qui a été tué ; pas n’importe quel enseignant, choisi au hasard comme tant d’autres victimes avant lui. Samuel Paty a été tué parce que, comme chaque année, il a assuré un cours d’éducation morale et civique sur la liberté d’expression. Il a montré les caricatures de Mahomet. C’en est trop pour les islamistes. Pression, dénonciation, intimidation. Et au bout, décapitation. Dans l’Algérie des années 1990, les intellectuels qui résistaient, les jeunes filles qui ne voulaient pas mettre le voile, étaient égorgés. Dans la France de 2020, on risque sa peau quand on fait son travail, simplement son travail.

L’assassinat de Samuel Paty ne doit rien au hasard. Il était l’objet d’une campagne de dénigrement depuis plusieurs jours. Son nom et son adresse avaient été publiés sur les réseaux sociaux. Les instigateurs de cette campagne ne sont pas des parents outrés : ce sont des propagandistes de l’islam politique. L’un est le fondateur du Collectif Cheikh Yassine, une organisation pro-palestinienne antisémite et conspirationniste, qui sévit depuis des années. Un autre est un éducateur bien sous tous rapports. Une figure si inspirante qu’elle a servi de modèle pour le personnage joué par Reda Kateb dans Hors normes. De braves gens…

Aujourd’hui, nous en avons assez. Assez de pleurer nos morts. Assez qu’on s’en prenne aux premières lignes de la République. Assez de cette pieuvre islamiste qui prospère, qui plastronne, qui menace. Assez de voir nos amis, nos collègues, insultés, menacés, obligés de vivre sous protection policière depuis des années, dans l’indifférence quasi-générale. Assez que les courageuses et les courageux, les Jean-Pierre Obin, les Zineb El Rhazoui, les Mohamed Sifaoui, les Caroline Fourest et tant d’autres, soient attaqués sans cesse, et si peu défendus.

Assez, par-dessus tout, du « pas d’amalgame », des « on peut être Charlie ou ne pas être Charlie ». Assez de ces quelques messieurs trop tranquilles qui, depuis les ministères ou sur les estrades, « observent » qu’il n’y a pas de problème avec la laïcité. Assez de l’hypocrisie et de la confusion intellectuelle qui règne dans ces organisations de gauche incapables de prendre la défense de Mila. Assez de voir les opportunistes du coexistentialisme qui rôdent comme des vautours autour de l’argent public et qui favorisent l’entrisme des Frères musulmans au nom du dialogue inter-confessionnel.

Assez, par-dessus-tout, du pas-de-vague et des demi-mesures, des petites compromissions et des grandes lâchetés. Ne vous y trompez pas : les islamistes ne pleurent pas, ils rigolent. Ils ont réussi leur coup : ils sèment la terreur sans même se salir les mains. Dénoncer publiquement leur a suffi : l’objectif est atteint, l’effroi est général et la peur règne. Et leurs idiots utiles se jettent déjà à leurs pieds pour dénoncer « l’islamophobie » et faire de la politique politicienne.

Assez, enfin, d’avoir toujours une guerre de retard. De devoir mobiliser tant d’énergie pour alerter et convaincre, pour combattre le scepticisme, et pour répondre aux attaques.

Désormais, c’est fini. Il faut reprendre la main. Changer de braquet, enfin ! L’heure n’est plus à décrire l’islamisme, à le critiquer, à le dénoncer : il faut le démanteler. Le détruire. Le liquider. Mettre hors-la-loi les organisations qui se revendiquent ou s’inspirent de l’islam radical, celui des salafistes et des Frères musulmans en particulier. Il faut dissoudre ces associations, saisir leurs avoirs et traduire en justice leurs responsables. On ne s’en sortira pas autrement. Cela doit prendre effet immédiatement.

Il faut aussi revoir entièrement les dispositifs publics de formation et d’accompagnement à la citoyenneté et aux valeurs de la République. Si la laïcité, la liberté d’expression, les droits des personnes LGBT, la lutte contre l’antisémitisme, sont si souvent mis en cause, c’est qu’ils sont trop mollement défendus. L’action doit commencer dès le primaire. Apprendre les valeurs de la République, ce n’est pas du superflu : c’est aussi essentiel que les maths et le français. La République ne doit jamais avoir honte de ses valeurs : il faut que la honte change de camp. C’est l’affaire de plusieurs années de travail. Il n’a été que timidement entrepris jusqu’à présent, toutes majorités politiques confondues.

Il faut enfin casser les ghettos où l’islamisme, mais aussi la violence gratuite, les trafics, la misère morale et matérielle prospèrent. C’est l’œuvre d’une génération.

Il faut donc agir à court, moyen et long terme. L’urgence est de protéger nos lanceurs d’alerte, nos courageux, nos premières lignes, en faisant reculer la pieuvre pour de bon. Sans cela, aucun travail de fond n’est possible. Toujours est-il qu’on ne peut plus attendre : aujourd’hui, il est tard. Demain, il sera trop tard.

Nous, citoyens du Printemps Républicain, sommes prêts à y prendre toute notre part.

Municipales 2020 : pourquoi une charte ?

Municipales 2020 : pourquoi une charte ?

Lors de notre grand rassemblement de la Belleviloise, le 30 novembre dernier, nous annoncions, par l’intermédiaire du président de notre mouvement, Amine El Khatmi, notre volonté de « nous lancer dans l’arène politique ».

Nous faisions le constat que face à l’affaiblissement des services publics, à l’abandon des premières lignes de la République et aux atteintes répétées portées aux principes républicains par les islamistes, la mouvance indigéniste ou les identitaires de droite, nous ne pouvions plus regarder le train passer sans réagir.

C’est l’évolution naturelle du Printemps Républicain. Après avoir fait émerger, à partir de rien, si ce n’est la volonté de femmes et d’hommes et sans financements autres que les cotisations de ses adhérents, une force de citoyens capable de se faire entendre suffisamment fort quand la République est malmenée et attaquée, cette force se doit de reprendre le flambeau de la République quand elle fait le constat que les partis politiques l’ont délaissée. C’est la conclusion à laquelle nous arrivons quand nous regardons le paysage politique aujourd’hui.

La France Insoumise a définitivement quitté le champ républicain. Nous disons aux figures de ce parti qui demeurent fidèles à l’idéal républicain qu’elles ne peuvent plus tolérer ni les outrances faites aux institutions, ni les menaces contre le chef de l’Etat, quoi que puisse nous inspirer sa politique, ni les mains tendues aux islamistes et aux militants décoloniaux.

Le « et en même temps » Macroniste atteint ses limites sur les questions républicaines. A l’aube de l’acte II du mandat présidentiel, il est maintenant clair que le président de la République ne clarifiera pas sa position sur ces sujets. En refusant de faire le lien entre lutte contre le communautarisme et défense de la laïcité et en laissant la pédagogie de la laïcité entre les mains de personnalités et d’opérateurs historiques qui défendent une conception anglo-saxonne totalement étrangère à la laïcité à la Française, Emmanuel Macron sape par avance toute possibilité de lutter efficacement contre le communautarisme.

Enfin, le Rassemblement National et une partie des Républicains utilisent la laïcité pour essayer d'imposer un repli identitaire qui va à l’encontre des principes républicains.

L'affaire Mila est l’énième illustration des renoncements politiques et intellectuels de notre pays. Qu’une jeune fille de 16 ans ait pu être abandonnée pour ses propos sur l’islam face à ses agresseurs nous révolte. Cela montre à quel point la France a désespérément besoin d’élus républicains, d’élus courageux. Nous avons besoin d’un personnel politique qui se lèverait d’une seule voix pour prendre la défense de tous ceux qui veulent continuer à pouvoir critiquer les religions librement. Si s’en prendre à des individus en raison de leur religion est interdit et répréhensible, se moquer ou critiquer une religion est un droit que nous devons défendre avec la plus grande des énergies.

Nous savons que l’attachement à la République est présent chez de nombreux citoyens qui se présenteront en mars prochain au suffrage des français à l’occasion des élections municipales. Ils viennent d’horizons divers. Nous en avons rencontré lors de nos multiples déplacements et événements. Certains nous écrivent pour solliciter une aide et ou un appui. Et puis il y a tous ceux que nous ne connaissons pas encore.

C’est ce qui nous a motivés à proposer aux candidats à l’élection municipale de mars 2020 une « charte des valeurs républicaines ». L’objectif est d’accompagner dans chaque ville celles et ceux qui autour de la lutte contre le communautarisme et la corruption, la défense de la justice sociale et de l’égalité femmes/hommes, le combat contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT, la protection du service public laïque ou encore la diversification du commerce local sont prêts à se mobiliser durant le prochain mandat.

Nous ne voulons pas que ce texte soit un énième document vide de sens que les candidats signeraient pour se donner bonne conscience. Cette charte est le début d’une refondation. Les choses sont clairement nommées, les valeurs clairement réaffirmées, les mots sont posés.

Ceux qui la signent prennent un engagement fort. Et ils devront en répondre devant leurs électeurs pendant six ans.

Pour la signer : https://www.printempsrepublicain.fr/charte

#JesuisMila

Mila, avec la fougue de ses 16 ans, a fait sur Internet, en répondant à l’un de ses harceleurs d’un soir, ce que le droit permet de faire en France : critiquer avec ses mots une religion.

Depuis, elle est menacée de mort et de viol par des milliers de bigots et d'homophobes.

Des informations personnelles ayant été révélées, sa vie est en danger.

Le Printemps Républicain, partout et toujours, soutient et défend la liberté absolue de conscience et d'expression, en vigueur dans le modèle républicain français.

Nous en appelons aux autorités pour assurer la protection de Mila et faire en sorte que ses agresseurs soient traduits devant la justice. #JeSuisMila

Bellevilloise : le Printemps Républicain va descendre dans l'arène politique

Bellevilloise : le Printemps Républicain va descendre dans l'arène politique

En réunissant plus de 500 personnes à la Bellevilloise ce samedi, le Printemps Républicain a relevé le défi de la mobilisation. Alors que certains ricaneurs prédisaient à notre mouvement qu'il ne passerait pas l'été 2016, force est de constater à l'approche de notre quatrième anniversaire que non seulement nous sommes toujours présents mais que nous occupons une place grandissante dans le débat public dans notre pays.

Samedi, au-delà du succès de la mobilisation, nous tirons une grande satisfaction de la qualité des débats et des interventions. Les élus locaux, fonctionnaires, défenseurs de la liberté d'expression, citoyens en première ligne qui se sont succédés sur la tribune ont délivré des témoignages concrets, basés sur la réalité du terrain. Entre ces tables-rondes, des personnalités de premier rang ont pris la parole : Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Brard, Jean-Pierre Chevènement, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou encore le président du Parti Radical de Gauche, Guillaume Lacroix.

En faisant appel à des personnalités politiques venant d'horizons et de famille différents, le Printemps Républicain a souhaité faire la démonstration que des Français qui s'opposaient sur tout il y a quelques années pouvaient, autour de la question républicaine notamment, se retrouver aujourd'hui pour en discuter. Ainsi, si le clivage gauche-droite n’est pas mort, il tend à se brouiller devant celui qui oppose désormais les républicains aux identitaires et aux communautaristes. Nous assumons ce clivage. Et une force républicaine doit donc maintenant se forger.

Dans son discours de conclusion, le président du Printemps Républicain a annoncé que notre mouvement allait descendre dans l'arène politique. S'il reviendra à nos adhérents de décider dans les prochaines semaines de la forme que prendra cet engagement, les objectifs affichés sont clairs : réunir dans une même initiative ceux qui, de la gauche à la droite républicaine, en passant par la famille radicale et des personnalités de la majorité présidentielle, souhaitent défendre la République et ses principes au sens large et peser pour que nos combats soient au cœur des débats de la prochaine élection présidentielle : lutte contre la tenaille identitaire, l'antisémitisme et toutes les formes de racisme, défense de la laïcité et de la liberté d'expression, combat pour le droit à vivre dignement de son travail et valorisation du travail de nos fonctionnaires, lutte contre les fractures territoriales, défense d'une conception républicaine de l'écologie, etc.

Pour mener ces combats, nous avons besoin de votre soutien! Le Printemps Républicain s'obstine à refuser toutes subventions publiques pour garder une liberté de ton totale. Nous ne fonctionnons qu'avec les adhésions et les dons de nos adhérents.

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Après la manifestation contre l’islamophobie, reconstruisons une république progressiste

La manifestation contre « l’islamophobie » se voulait un moment de rassemblement, pour les musulmans et contre l’extrême-droite. Ce fut au contraire un moment de division. Division politique tout d’abord, entre des gauches plus que jamais irréconciliables ; mais aussi et surtout aggravation des divisions nationales, dont la gagnante est toujours la même : Marine Le Pen.

Que retiendront les Français ? Ils n’entreront sans doute pas dans les subtilités sémantiques ou les explications de texte alambiquées, mais ils n’oublieront pas deux images : une petite fille qui, comme des dizaines d’autres participants, arbore ce qui ressemble fort à une étoile jaune, établissant un parallèle odieux entre le statut des juifs sous Vichy et la condition des citoyens musulmans dans la République ; et des « Allahu Akbar » scandés et repris par la foule par l’un des organisateurs, Marwan Muhammad. Toutes les explications et les justifications n’y changeront rien : cette image est désastreuse et indéfendable.

Qu’on ne se méprenne pas : descendre dans la rue contre l’attaque de Bayonne, contre les saillies racistes de Zemmour, contre les instrumentalisations de la laïcité et des valeurs républicaines par l’extrême-droite, elle qui les a toujours combattues, nous l’avons toujours fait et nous le ferons toujours, et tant pis si nous avons de franches oppositions avec ceux aux côtés de qui nous battrons le pavé. Tant pis si, comme lorsque, seuls, nous avons appelé à nous rassembler devant l’ambassade de Nouvelle-Zélande après l’attentat anti-musulman de Christchurch, perpétré par un suprémaciste, nous avons été rejoints par une poignée de militants de l’islam politique venus nous insulter.

Et nous savons aussi que bien des manifestants, la plupart sans aucun doute, sont des concitoyens exaspérés qu’on s’interroge du matin au soir sur leur adhésion à la République. Le problème est qu’ils ont été pris en otage par des militants dont ils ne partagent pas nécessairement les causes, et auxquels demain, Eric Zemmour se fera un plaisir de les amalgamer. Entre la démarche paisible des familles et l’agressivité des Marwan Muhammad ou Taha Bouhafs, quelle image restera ? La seconde, bien sûr, hélas. Hélas, car cette image négative rejaillira entièrement sur les premiers en alimentant les amalgames des identitaires d’extrême-droite.

Reste le problème de la gauche, ou plutôt de cette gauche, qui n’est pas toute la gauche, qui s’est rendue à la manifestation. Ne revenons pas sur les excuses et les coquetteries, plus ou moins crédibles, de ceux qui n’ont pas assumé d’avoir signé l’appel à manifester. Parlons de ceux qui assument, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise en tête, mais aussi Europe Ecologie Les Verts, Génération.s, le NPA, le PCF, la CGT : en acceptant de se rallier à une manifestation « contre l’islamophobie », ils en ont accepté toutes les ambivalences, préalables à tous les renoncements.

L’emploi du mot « islamophobie » par les organisateurs de la marche du 10 novembre aurait dû pourtant les alerter. Ce mot amalgame la critique de la religion et la critique d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de sa religion. Charb, dans sa « Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes », avait tout dit. Il en est mort.

L’appel faisait également référence aux « lois liberticides ». Certains à gauche ont expliqué, gênés, que ce terme faisait référence aux lois de « l’état d’urgence ». Jean-Luc Mélenchon est même allé jusqu’à expliquer sans sourciller que cette mention faisait référence à la proposition de loi LR sur les mères accompagnatrices, qui n’a aucune chance d’être adoptée. Mensonge grossier ! Il suffisait d’écouter le principal instigateur de la manifestation, l’élu de Saint-Denis Madjid Messaoudene, interrogé par Quotidien : il vise explicitement la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles et la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public. Et certains vont plus loin, en remettant en cause la neutralité des fonctionnaires, c’est-à-dire l’un des piliers de la laïcité.

Là-dessus, il aurait été inimaginable il n’y a pas si longtemps que quelqu’un comme Jean-Luc Mélenchon, laïque intransigeant, fasse le moindre compromis. Manifester pour défendre le droit d’être bigot, sexiste, homophobe et conspirationniste, comme certains des co-signataires ? Il aurait été partagé entre la colère et l’éclat de rire. Mais ça, c’était avant. Désormais la France insoumise, comme la gauche, est en crise, et lutte pour sa survie politique. En choisissant de courir après une revendication identitaire après avoir fait le choix l’an dernier de courir derrière les Gilets jaunes, la FI commet la même erreur et en paiera un prix identique : une image écornée, une base désorientée, un gain politique inexistant.

Plus largement, la gauche est à l’heure des choix : soit elle choisit la voie électoraliste et s’adonne au clientélisme identitaire. Elle y perdra son honneur d’abord et les élections ensuite, et laissera seuls sur scène Emmanuel Macron et Marine Le Pen, avec la droite républicaine en trouble-fête. Soit elle relève la tête et retrouve ses principes de toujours, comme l’ont fait le Parti Socialiste, le Parti des Radicaux de Gauche, la Gauche Républicaine et Sociale : elle ne gagnera pas forcément les élections, mais elle verra revenir vers elle des citoyennes et des citoyens qui ne se résolvent pas à voir la tenaille identitaire refermer ses mâchoires, avec une droite libérale pour dernier rempart.

C’est donc un choix historique qui s’offre à nous. Ce choix, nous le formulons depuis la naissance de notre mouvement. Il est notre raison d’être. C’est pourquoi nous sommes décidés à contribuer, avec les formations républicaines et progressistes qui le voudront, à entamer dès maintenant la reconstruction. Nous invitons tous les citoyens qui se reconnaissent dans cette démarche à nous rejoindre.

🎙L’affaire Odoul : un défi pour la République ! 🎙

Depuis sa création, le Printemps républicain alerte sur l’existence d’une véritable « tenaille identitaire », selon l’expression d’un de ses fondateurs Gilles Clavreul. Celle-ci oppose, d’un côté, l’extrême droite glorifiant une soi-disant pureté de l’identité ou de la civilisation françaises et, de l’autre, l’islam politique et ses idiots utiles glorifiant pour leur part diverses identités au motif que la France serait demeurée cet état colonial aux relents racistes nourrissant une haine contre les Musulmans.

Dans ce face à face, la République est accusée – en même temps – de faiblesse et de racisme. Et souffre d’être déchirée par les mâchoires de cette tenaille à l’imaginaire de guerre civile. La polémique engendrée par un conseiller régional Rassemblement national est la dernière illustration de cette unique façon d’envisager la vie en commun : inflexible, chaque camp enjoint à l’autre de se soumettre ou de quitter le pays… Et chaque nouvelle outrance nourrit la suivante.

Dans ce capharnaüm, il est difficile d’exister. Mais pas impossible, comme ont su le faire Amine El Khatmi sur LCI ou Laurent Bouvet dans le Figaro la semaine dernière. Qu’ont-ils dit l’un et l’autre ? Qu’il faut partir de la loi telle qu’elle existe aujourd’hui : si ces femmes n’ont pas d’attitude prosélyte, rien ne leur interdit d’accompagner des sorties scolaires. On peut être en totale opposition avec cet attribut rétrograde, mais il ne faudra pas compter sur le Printemps Républicain pour se lancer dans une chasse aux femmes voilées. Et si la loi devait être amenée à changer, on ne le devrait alors qu’aux excès des tous ces entrepreneurs identitaires qui font d’une zone de respiration laïque – l’école – un territoire disputé que l’Etat doit neutraliser. Nous proposons plutôt d’utiliser les bataillons de volontaires de la réserve citoyenne et du service civique pour accompagner le plus possible les sorties scolaires plutôt que de faire de ces moments hybrides des annexes de la neutralité de l’Etat.

Sur ces sujets, mis à part la position affirmée – et pourtant contestée – du ministre de l’Education nationale, l’Etat est précisément le grand absent de la séquence que nous venons de vivre. En refusant d’exprimer une direction claire sur les questions de laïcité qui pourrait enfin soutenir une action ferme, le Président de la République renforce la cacophonie.

En effet, aux discours forts qui suivent les épisodes tragiques que connaît son quinquennat – que l’on songe à l‘assassinat du colonel Beltrame ou à celui des fonctionnaires de la Préfecture de Police de Paris – ne succèdent que des actes faibles. Et les propos ambigus sont immédiatement suivis d’un déchirement de sa majorité. Si le Président a su définir les lignes directrices de sa vision pour l’Europe dans le fameux discours de la Sorbonne, on regrette l’absence de son pendant sur l’Etat, ses missions, ses moyens et son rapport à la laïcité. Pour l’heure, le Président semble porteur d’une vision uniquement comptable qui nourrit tous les mécontentements.

Nous touchons ici aux racines du mal qui nourrissent inexorablement la tenaille identitaire : en raison de l’absence d’une vision claire portée au plus haut niveau, les assauts identitaires de tous bords prennent de court des fonctionnaires désemparés, immanquablement critiqués lorsque, courageux, ils décident d’agir et de lutter. Nous constatons ainsi l’affaiblissement de l’Etat, l’amollissement de la notion de service public et, in fine, la démoralisation de tous les fonctionnaires (par ailleurs alimentée par l’échec spectaculaire de certains services publics, pensons à l’école qui malheureusement amplifie les inégalités sociales ). « Puissance publique » est une expression vide de sens lorsque ses serviteurs ne savent en quoi ils sont encore puissants et à quoi il leur sert d’être publics…

Ainsi, la tenaille identitaire n’est forte que de la faiblesse de la République. Or, qui incarne la République sur le terrain ? Les fonctionnaires de première ligne : policiers, enseignants, infirmiers médecins, pompiers, magistrats etc. auxquels on pourrait rajouter les élus locaux. C’est-à-dire tous ceux qui expriment aujourd’hui leur malaise en manifestant, en faisant grève, en refusant de poursuivre leur mandat ou plus tragiquement en attentant à leur propre personne... « Passer à l’acte » de toutes ces manières est le pouvoir qu’il reste quand agir en représentant de l’Etat devient peu à peu impossible, difficile ou insensé.

Sans jamais se hausser au niveau de l’intérêt général, les identitaires de tous poils partent à l’assaut du commun pour y être entendus ou reconnus. C’est donc l’expression irrépressible de ces identités (individuelles ou communautaires) qui induit un changement de rapport au collectif, donc au service public et nous oblige désormais à redéfinir celui-ci. C’est pourquoi l’impératif managérial et les règles comptables, aussi légitimes soient-ils, ne peuvent servir de doctrine et masquer aux agents le sens de leur métier et leur devoir d’incarnation de l’Etat. Pour répondre aux problèmes de coût, d’efficacité mais aussi de laïcité, l’alternative n’est pas entre une remise en cause libérale de l’idée de service public ou la crispation étatiste – plus d’argent, plus d’agents sous statut. Il est dans une redéfinition même du sens du service public face à la tenaille identitaire. Le service public est un élément de notre accord commun. Et il cherche une nouvelle respiration – les débats sur la laïcité en témoignent.

Affirmons-le clairement : si l’on veut véritablement lutter contre les extrêmes, contre le communautarisme, contre l’hydre islamiste et au-delà contre la pauvreté ou la relégation sociale, alors il faut investir dans le sauvetage de nos services publics. Non pas seulement avec plus d’argent mais d’abord avec plus de sens. C’est-à-dire notre soutien et notre reconnaissance pour « la République en première ligne » !

Le président du Printemps Républicain saisit le Procureur de la République de Paris

Le président du Printemps Républicain saisit le Procureur de la République de Paris

Le président du Printemps Républicain saisit le Procureur de la République de Paris afin de lui signaler des faits susceptibles d’être constitutifs du délit d’apologie du terrorisme tel que défini par l’article 421-2-5 du code pénal.

La convention de la droite : l'affirmation d'une droite identitaire

La convention de la droite : l'affirmation d'une droite identitaire

Le rassemblement des amis et soutiens de Marion Maréchal, ce week-end à Paris, est la confirmation d’une ambition, mais c’est surtout l’affirmation d’une idéologie : celle d’une droite identitaire qui assume sans équivoque une conception ethnique de la Nation tournant résolument le dos à l’héritage des Lumières et aux valeurs cardinales de la démocratie.

Longtemps, l’extrême-droite s’en est tenue au gueuloir : le FN première époque assumait la xénophobie de comptoir. Puis est venu, avec Marine Le Pen, le temps de la « dédiabolisation » et l’exercice des responsabilités locales. Voici que s’annonce la troisième génération, non seulement des Le Pen, mais de l’extrême-droite : finies les vociférations et les calembours, voici venir un anti-universalisme instruit, une xénophobie de diagrammes et de chiffres, un populisme sophistiqué et souriant, brutal mais convenable, border-line et bien élevé.

La forme n’a jamais été si lisse, ni le fond si radical. Car enfin, qu’a-t-on entendu ? Une demi-heure d’imprécation contre l’islam, le féminisme, les bobos, les jeunes, la gauche, les intellectuels, de la part d’un Éric Zemmour à qui la chaîne LCI a complaisamment laissé libre antenne ? Une charge de l’ancien chevènementiste Paul-Marie Couteaux pour qui « la modernité [conduit au] nazisme » ? Oui, mais on a surtout entendu Marion Maréchal décliner le thème du « grand remplacement », récit complotiste fantasmagorique imaginé par Renaud Camus, comme s’il s’agissait d’une évidence, presque d’une banalité.

Que cette extrême-droite se prétende le rempart d’une civilisation européenne dont elle pilonne méthodiquement toutes les valeurs, qu’elle s’imagine en défenseur de la liberté, notamment celle des femmes, tout en instruisant le procès de l’égalité et des droits de l’Homme, et qu’elle assume des théories dépourvues de tout fondement scientifique, voilà qui devrait rassurer : tant d’outrance et de contradictions ne peuvent que la condamner.

On aurait bien tort d’être rassurés : dans ce monde défait qui est le nôtre, où des peurs irraisonnées se mêlent à des détresses bien réelles face à des menaces non moins réelles, c’est la radicalité de ce discours qui fait sa force. « Ils exagèrent peut-être, mais eux, au moins… ». Entendre : eux au moins ils disent les choses, eux au moins ils n’ont pas la main qui tremble, eux au moins ont la violence nécessaire pour affronter ce monde violent. Ce qui est sûr, c’est qu’ « eux au moins » ne craignent pas de se placer sur le terrain identitaire : immigration, islam, insécurité, valeurs, culture, ils n’ont aucune inhibition, pas de réserve ni de nuances. Cette extrême-droite assume, et s’assume. N’avons-nous pas déjà entendu cela ici ou là, aux Etats-Unis, au Brésil, en Hongrie ou en Italie ? On a cru jusqu’à la dernière minute que l’outrance condamnerait les Trump, Salvini et autres Bolsonaro : c’est au contraire cette outrance qui séduit, ce « no limit » revendiqué qui attire.

Regardons froidement les choses : l’air lourd du temps est identitaire. Le « narcissisme des petites différences » est partout, l’affirmation inconditionnelle de soi est dans tout, de la politique à la publicité en passant par la culture. A l’ère de l’identity pride, l’extrême-droite joue à domicile. Après l’OPA d’En Marche sur la droite modérée, c’est au tour de la droite dure, défaite et décomposée, d’être une proie facile. Quant à ceux qui, à gauche notamment, pensent qu’on peut lutter contre elle en allumant des contre-feux identitaires, ils jouent avec les allumettes du diable.

La route sera longue pour Marion Maréchal, d’autant qu’elle est attendue au tournant par sa tante ? Se reposer sur les fragilités de l’ennemi, c’est refuser d’examiner les siennes : si le grand remplacement est un fantasme, l’atomisation de la société, le pessimisme des Français et leur défiance croissante envers les institutions politiques et sociales sont des faits indiscutables.

Alors que faire ? D’abord, remiser la posture d’indignation : cela fait trente-cinq ans que cela ne marche pas, trente-cinq ans que l’extrême-droite retourne ce discours moralisateur pour mieux fustiger « l’arrogance des élites ». Ensuite, ne pas poursuivre la chimère d’une adhésion large à « progressisme » réduit aux acquêts et vide de contenu : il n’y a plus de consensus minimal possible des Gilets Jaunes aux Marcheurs et de Danièle Obono à Xavier Bertrand, pour une raison très simple, c’est que la question identitaire est passée par là et que les cadres qui structuraient la vie politique, et notamment le clivage droite/gauche, ont été éventrés. L’extrême-droite ne sera jamais majoritaire ? Mais elle n’a même plus besoin de chercher à l’être : c’est la dislocation du paysage qui pourrait un jour lui permettre, dans un monde d’où seules des minorités surnagent, d’apparaître comme la moins petite et la plus cohérente idéologiquement des minorités.

La seule issue, c’est de dépasser la question identitaire. De la refuser net. De poser la nation comme un pacte entre des citoyens, c’est-à-dire des consciences libres et éclairées, sur le fondement de valeurs d’égalité et de liberté. C’est de rejeter en bloc les solutions radicales : l’extrême-droite veut des lois d’exception, en mettant la Constitution entre parenthèses et en rompant tous nos engagements internationaux. Nous, nous voulons seulement que les lois existantes soient appliquées, et que les droits républicains soit rétablis partout où la puissance publique s’est désengagée. C’est enfin de traiter les vrais problèmes, seule façon de tordre le cou aux vrais fantasmes, en rendant la société plus juste et plus sûre, ce qui implique de consolider les services publics et de mieux faire respecter l’Etat de droit – pour tout le monde, élites comprises.

Au fond, tous les identitaires ont un ennemi commun : la République. C’est elle qu’il faut leur opposer, sans relâche. C’est elle que demandent et attendent les Français, elle qui protège tous les citoyens, quelle que soit leur origine, leur condition sociale ou leurs convictions. Le vrai clivage, aujourd’hui, ne passe pas entre progressistes et populistes : il passe entre les républicains et les identitaires. Notre force : nous savons où nous sommes, qui nous sommes, et ce que nous avons à faire.

Université Lyon 2 : Soutenir Eliott, c’est soutenir la liberté d’expression

Depuis plusieurs mois, Eliott Savy, étudiant en licence de Science Politique à l’université Lyon 2 essaie de relayer ses inquiétudes devant le contenu des enseignements qui selon lui s’apparentent de plus en plus à du militantisme décolonial et indigéniste qu’à des sciences sociales. Il souhaite aussi attirer l’attention sur le comportement de plus en plus biaisé de l’encadrement, qui rompt parfois avec la nécessaire neutralité politique, vis à vis des étudiants.

Après plusieurs articles nationaux où il n’apparaissait pas nommément, mais qui reprenaient ses recherches particulièrement documentées, le Progrès, quotidien régional qui traite de plus en plus courageusement de nombreuses dérives localement observées, a produit un dossier de deux pages qui mentionnait son identité.

Dès le lendemain de l’article, abondamment relayé et commenté, Eliott Savy a vu son nom inscrit tagué sur les murs de l’université, sur les arrêts de tramway, agrémenté de menaces explicites. En se rendant à l’université pour y suivre ses cours, il a pu prendre quelques photographies et a déposé plainte immédiatement et signalé les faits au Procureur de la République de Lyon.

Le Printemps Républicain veut faire connaitre son plein et entier soutien à Eliott. Les menaces dont il est l’objet sont évidemment une preuve supplémentaire de l’intolérance, pouvant aller jusqu’à l’intimidation physique, dont une frange du public de l’université Lyon 2 fait preuve lorsque quelqu’un émet une opinion différente ou une simple critique.

Le Printemps Républicain demande solennellement à la Présidente de l’Université Lyon 2, Nathalie Dompnier, de soutenir Eliott Savy dans ses démarches judiciaires et de réagir publiquement face aux menaces dont l’un de ses étudiants est l’objet au sein même des murs de son établissement.

L’Université est un lieu de transmission des savoirs de haut niveau, c’est un lieu de recherche, c’est aussi un lieu de débats et de controverses. Cela n’est en aucun cas un lieu où ceux qui s’expriment sont menacés, pointés du doigt et voient leur nom tagué sur les murs comme autant de cibles.

Lyon a été l’objet de plusieurs attentats et agressions violentes ces derniers mois. Désigner une victime potentielle, afficher le nom d’une cible est au mieux irresponsable et au pire criminel.

Face aux menaces que subit l’un des siens, l’Université Lyon 2 doit choisir de quel côté elle va se tourner. Nous enjoignons la Présidente de Lyon 2, ainsi que tous les personnels et étudiants concernés, à réagir immédiatement et à accepter et promouvoir la liberté d’expression et le débat au sein de l’Université.

Commissariat à la « protection du mode de vie européen » : quand l’Europe se prend les pieds dans le tapis identitaire !

Commissariat à la « protection du mode de vie européen » : quand l’Europe se prend les pieds dans le tapis identitaire !

A peine révélé, l’organigramme de la nouvelle Commission Européenne, présidée par l’ancienne ministre allemande de la Défense Ursula Von der Leyen, déclenche la polémique. En effet, le poste de commissaire à la « protection du mode de vie européen » y apparait, confié au Grec Margaritis Schinas.

On aurait pu croire dans un premier temps à la création d’un poste transversal qui assurerait la promotion des droits humains, de la protection sociale ou encore des politiques d’inclusion et de lutte contre les discriminations. Or ce n’est pas du tout ce dont il s’agit : il s’agit du poste anciennement dénommé « migration, affaires intérieures et citoyenneté ». On ne saurait dire plus explicitement que, dans l’esprit de ses initiateurs – et donc, avec l’assentiment des Etats, dont la France – protéger le mode de vie européen, c’est se protéger de l’immigration.

Que la question migratoire compte parmi les défis que l’Europe doit relever ne fait évidemment aucun doute : c’est un sujet de préoccupation de premier plan pour les peuples européens et il ne saurait être question de laisser l’extrême-droite, ou les formations qui flirtent avec ses idées, s’emparer seule de ces sujets. Pouvait-on pour autant reprendre telle quelle, sans l’interroger ni la transformer, la formule magique du « mode de vie » qui, de Marine Le Pen à Orban en passant par Salvini, permet à l’extrême-droite de se poser en parangon des valeurs européennes (pluralisme, égalité des sexes, liberté de conscience et d’expression), alors qu’elle les a toujours combattues ?

Cette reprise de la phraséologie d’extrême-droite est un terrible aveu d’échec, mais il y a plus grave : en rabattant l’identité sur la seule question migratoire, la Commission appauvrit considérablement ce qui fait la richesse et la diversité de la culture européenne. Ainsi, elle renonce à définir positivement le commun européen, pour ne parler que de ce dont il nous faudrait nous garder - l’immigration, sans détail ni précision. Que peut vouloir dire, dans ses conditions, « protéger notre mode de vie », sinon « refuser LEUR mode de vie » ?

Il ne s’agit pas d’une simple erreur dans le choix des mots, mais bien d’une faute politique grave : on ne lutte pas contre les politiques de l’identité par d’autres politiques de l’identité. Au discours identitaire, il faut opposer le commun démocratique et les valeurs qui le fondent : liberté, égalité, solidarité, pluralisme, éducation, émancipation, inclusion.

Ce commissariat au nom impossible montre bien que l’Europe est en passe de perdre ses repères élémentaires sur ce que sont ses valeurs fondatrices. Et ce n’est pas l’initiative improbable de Federica Mogherini de créer un « Erasmus de la religion » qui l’y aidera : la mise en place de cette « plate-forme mondiale d’échanges sur la foi et l’inclusion sociale », dotée de 1,5 M d’€, revient à déléguer à quelques entrepreneurs religieux le soin de donner un supplément d’âme à une Europe qui a perdu la sienne, au mépris des savoirs humanistes, de la laïcisation des politiques sociales dans tous les pays européens, et plus encore, du fait que la majorité des citoyens européens, aujourd’hui, ne s’identifient pas selon leur croyance ou leur appartenance cultuelle.

Sur ces deux initiatives de la Commission, organe non élu, les Etats membres, et plus encore les pays fondateurs au premier rang desquels la France, doivent sortir de leur torpeur et redonner à l’Europe sa boussole.