La période estivale qui s’achève a été un puissant révélateur du naufrage idéologique d’une classe politique et médiatique qui a piétiné toute pensée progressiste, tournant ainsi le dos à l’héritage des Lumières.

Tout a débuté fin juin/début juillet avec les opérations « Burkini » soigneusement mises en scène à Grenoble par le collectif national « Alliance citoyenne ». La réaction du maire Europe écologie les verts (EELV) de la ville, Eric Piolle, fut aussi tardive que timide. Dans son communiqué de presse publié deux jours après l’événement, il n’évoque même pas la nature de l’association qui organise ces provocations. Depuis le début des faits, il n’a pas manifesté la fermeté qu’on est en droit d’attendre d’un élu responsable dans de telles situations, lorsqu’il s’agit simplement de faire respecter le droit. Pire, il a ouvert la porte à un changement de règlement intérieur en renvoyant la balle au ministère des sports.

Tout l’été, France Inter, radio du service public, a ouvert studios et micros à toutes les figures de l’indigénisme. Si Rokhaya Diallo a été invitée le 16 juillet, c’est particulièrement l’émission de Lauren Bastide, Les Savantes, qui a attiré l’attention de nombreux auditeurs puisque se sont succédé à l’antenne, entre autres, l’historienne Ludivine Bantigny le 14 juillet 2019, Maboula Soumahoro le 28 juillet 2019 - qui a tenu par le passé des propos délirants en déclarant qu’un « homme blanc ne peut pas être antiraciste » et que le même homme blanc « n’aura jamais raison contre une femme noire ou arabe » sur ces questions - et la « féministe islamique », proche de Tariq Ramadan, Hanane Karimi le 11 août 2019. Outre les propos indigénistes des invités, qui nous expliquent qu’on ne peut se mélanger avec quelqu'un qui n’est pas de son genre ou de sa « race », l’animatrice Lauren Bastide ne fut pas en reste. Evoquant Alliance Citoyenne et leurs actions en faveur du Burkini dans les piscines grenobloises, elle a qualifié ce militantisme « action politique flamboyante, courageuse, visible ». L’animatrice de France inter donc. Rien que ça.

Le plus inquiétant, au fond, et le plus révélateur, ce n’est pas le propos, malheureusement mille fois entendu dans la bouche de ces militantes mais la complaisance de cette chaine de radio publique envers son animatrice qui se révèle être une militante politique de la cause indigéniste payée par les impôts des français. Outre ses propos à l’antenne, cette dernière n’hésite pas à révéler ses affinités politiques en qualifiant sur les réseaux sociaux Hanane Karimi « d’amie » et de « sœur ». Quand on tient ce genre de propos, quand on se revendique amie et sœur de quelqu’un qui fait la promotion du séparatisme culturel, qui n’a à la bouche que les mots de « race » ou de racisme d’Etat, il est du devoir du service public audiovisuel de s’interroger sur la pertinence de mettre à l’antenne de tels individus.

La dérive indigéniste estivale s’est poursuivie avec les universités d’été d’Europe écologie les verts et s’est terminée avec celles de la France insoumise (LFI). Qui retrouve-t-on les 22, 23 et 24 août sur la tribune pour échanger avec les militants du parti d’Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble ? Surprise ! Lauren Bastide et Youcef Brakni, figure de proue du comité Adama, qui s’est habilement infiltré au côté des gilets jaunes.

L’événement le plus important est venu des universités d’été de la LFI, les « AmFis 2019 », qui ont été le reflet du grand écart permanent de ce mouvement sur les questions républicaines. On pouvait à la fois y entendre Taha Bouhafs et Youcef Brakni du comité Adama, mais également le philosophe spécialisé des questions de laïcité Henri Peña-Ruiz. Ce dernier, salué comme « un ami » par le nouveau coordinateur du mouvement, Adrien Quatennens, a donné le 22 août une conférence sur les « trois boussoles de la laïcité ».

Lors de celle-ci, Henri Peña-Ruiz a relevé que s’il était condamnable de s’en prendre à une personne du fait de sa religion, il n’était en rien répréhensible de s’en prendre à une religion en elle-même. Il a ainsi déclaré qu’on avait le droit d’être « islamophobe », « cathophobe » ou « athéphobe ». Cette déclaration a été immédiatement reprise et tronquée par la minorité indigéniste de la France Insoumise, Brakni et Bouhafs en tête, en ne gardant que le terme islamophobie. La malhonnêteté intellectuelle à l’état pur. Les réseaux sociaux ont ensuite pris le relais pour transformer cet intellectuel réputé en un raciste intolérant.

Laurence De Cock, Marwan Mohammed, Rokhaya Diallo, Philippe Marlière, Taha Bouhafs, Youcef Brakni, Edwy Plenel, Olivier Besancenot etc. toute la gauche identitaire et indigéniste est vent debout contre la FI ! Dans cette histoire, la réaction du mouvement de Jean-Luc Melenchon est a souligner, prenant la défense d’Henri Peña-Ruiz. On peut se féliciter qu’elle retrouve un peu sa boussole républicaine. Mais pour combien de temps ?

Libération, dans un papier complaisant, titre : « Islamophobie : crise ouverte entre les insoumis et des militants des quartiers ». Ainsi donc, pour Libération, quelques activistes d’extrême gauche, indigénistes et proches de l’islamisme politique, deviennent des « militants des quartiers ».

Cette affaire agit comme un révélateur et déborde le cadre de La France Insoumise, faisant une nouvelle fois apparaitre une fracture sur les questions républicaines au sein de la République En Marche. Quand la ministre Marlène Schiappa ou le député François Cormier-Bouligeon se tiennent fidèles à la ligne républicaine en prenant la défense du philosophe, le ministre en charge de la politique la Ville, Julien Denormandie, attaque bêtement Henri Peña-Ruiz, venant, de fait, soutenir le camp indigéniste.

La France ne saurait être républicaine et « en même temps » communautaire. Tant que les mouvements politiques, notamment de gauche, joueront un jeu dangereux en flirtant avec les militants du séparatisme culturel, ils iront inéluctablement dans le mur !

Le Printemps Républicain est résolu à prendre sa part dans la construction d’un grand mouvement républicain et universaliste.